Pop Culture : Ontario, je t'aime
Société

Pop Culture : Ontario, je t’aime

Perspective intéressante et jusqu’alors jamais visitée: l’exposition L’Ontario, une épopée au féminin jette un regard sur les grandes dames ayant marqué au crayon feutre la mémoire collective ontarienne. Présentée par le Regroupement des organismes du patrimoine franco-ontarien (ROPFO), cette installation itinérante – appelée à circuler partout en province – se penche sur le destin de ces mères, épouses, religieuses, artistes et professionnelles qui ont osé parler un peu plus fort, qui se sont imposées ou interposées en Ontario français du XVIIe au XXIe siècle. À travers leurs écrits, poèmes, musique ou exploits, ces personnalités d’hier et d’aujourd’hui ont sillonné le pavé rocheux du cheminement collectif franco-ontarien pour en forger l’identité.

Et comme le souligne si bien un panneau de l’exposition, il n’y a pas si longtemps que l’Histoire s’intéresse aux femmes et à l’important rôle qu’elles ont joué dans notre société. Vrai! Il était donc grand temps que l’on consacre une exposition aux femmes franco-ontariennes. Re-vrai! Parce que l’on constate rapidement, à la lumière de la vingtaine de femmes sélectionnées, que plusieurs d’entre elles sont malheureusement tombées dans l’oubli. C’est le cas de la romancière, nouvelliste et poète Marie-Rose Turcot (1887-1977), une des principales folkloristes de l’Ontario français grâce à son recueil de contes Au pays des géants et des fées (1936). De par ses autres publications et sa contribution à la page féminine dans Le Droit, on la considère aujourd’hui comme une des premières écrivaines et femmes journalistes de l’Ontario français. Parmi les autres grandes oubliées, notons la "pionnière de l’art dramatique" Florence Castonguay (1897-1992), qui était courtisée par Paris et Londres et qui choisit de demeurer dans sa patrie, malgré l’absence de troupes professionnelles. À l’âge de 50 ans, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle jouera son dernier et plus grand rôle en carrière dans Maria Chapdelaine. Soulignons aussi Madeleine de Roybon d’Allonne (1646-1718) et Elizabeth Bertrand (1762-1827), considérées comme les premières femmes d’affaires françaises en Ontario. Il y a aussi celles que l’on connaît un peu mieux: l’incontournable Gisèle Lalonde; la soeur Elisabeth Bruyère, qui verra un monument érigé son honneur cette année; Dyane Adam, un "modèle de réussite professionnelle"; les jumelles Dionne, qui "occupent encore aujourd’hui une place importante dans la mémoire collective"… En somme, un beau tour d’horizon à travers photos, documents, costumes et artéfacts qui remettent en contexte ces pionnières. Cela m’apparaît crucial dans une province comme l’Ontario, qui souhaite revamper son image et consolider ses acquis. Info: www.ropfo.ca

En ce sens, la méga-production L’Écho d’un peuple a aussi mis les bouchées doubles cette année pour faire briller l’Ontario et ainsi devenir une porte d’entrée touristique. Trois nouveautés y contribueront. D’abord, le centre touristique Direction Ontario a été installé à la ferme Drouin de Casselman avec une reproduction de la carte géographique à même le sol – des carrés de sable représentent les Grands Lacs -, une panoplie de dépliants et du personnel dynamique pour accueillir le public. Aussi, un poste de traite met en valeur une centaine d’artisans de partout en Ontario et leurs produits, alors que le souper-spectacle Envoyons d’l’avant fait la promotion des talents des quatre coins de la province. Info: www.echodunpeuple.ca

Le mot semble donc se passer pour que l’Ontario soit de plus en plus une destination de choix pour le touriste, mais aussi afin que les Ontariens eux-mêmes soient fiers de leur nid. À ce titre, la Société de partenariat ontarien de marketing touristique de l’Ontario (SPOMT) lançait l’été dernier dans la région de Montréal une campagne publicitaire fichtrement efficace avec son concept de Toarino. Des spots télévisés et des panneaux publicitaires montraient des plages infinies de sable blanc, des îles magnifiques bordées de forêts et des festivals flamboyants qui fleuraient bon les plus belles destinations du sud. On invitait ainsi le spectateur à découvrir cet endroit paradisiaque qu’est le mystérieux pays de Toarino en visitant www.toarino.com. L’image d’un vignoble ensoleillé (celui de Niagara-on-the-Lake) accueille l’internaute avec ces mots: "Ontario, surprise!" Ces beaux attraits vantés étaient donc ceux de la province voisine, qui est de plus en plus ignorée par le touriste canadien. Cela est un fait, l’Ontario a besoin de se "redorer le bedon" en imposant une nouvelle image forte et positive. Pour le touriste, mais aussi pour le résidant ontarien. En ce sens, l’initiative de la ROPFO et le rayonnement de L’Écho d’un peuple y contribueront sûrement.