Pop Culture : Le tiroir aux fantômes
Pour être tout à fait honnête, il m’a fallu du temps pour apprivoiser la région et l’apprécier à sa juste valeur… Il faut dire qu’à mon arrivée, j’étais étudiante, et les trois autobus pris quotidiennement me faisaient entrevoir "Ottawa, l’amère". Vivement la rue Rideau et le chemin de Montréal, interminable, au milieu du brouhaha citadin parfois malodorant et sinistre. M’enfin! Depuis, j’ai découvert la ville par ses coins et ses racoins éblouissants, et j’ai appris à l’aimer… viscéralement! Et en ce mois d’août merveille, j’ai eu envie de voir une autre facette de cette Grande Dame, la plus obscure, lugubre et intrigante… en ouvrant son tiroir aux fantômes!
N’êtes-vous pas, tel un papillon de nuit par la lanterne, attiré par ces histoires funestes appartenant à des lieux et entretenues par le peuple? Moi, si. Une petite manie que j’ai gardée des camps de vacances où j’en faisais des cauchemars et où je me régalais à créer des histoires de mon cru. Juvénile comme attitude? Peut-être. Parlez-en aux pseudo-"Ghostbusters" de la Marche hantée d’Ottawa! Cette compagnie, fondée en 1995 par l’historien ontarien Glen Shackleton, s’inspire des mythiques GhostWalks londoniennes! À maintes reprises j’avais entraperçu, la nuit tombante, ces protagonistes à la lanterne et à la longue cape noire qui déambulaient, une masse de curieux sur les talons…
Je me présente donc coin Sparks et Elgin, où commence la Marche hantée originale d’Ottawa, celle qui est considérée comme la plus historique des visites offertes. Notre guide Josée débute avec le récit de l’ancien cimetière se trouvant sous nos pieds, dont on exhumait encore des squelettes lors de la construction du CNA… Notre trajet se poursuit sur la trace des fantômes du Château Laurier, de la fontaine commémorative du colonel By, du grenier de l’Institut collégial Lisgar, et de plusieurs autres macabres contes dont je me garde de révéler les détails pour ne point briser le mystère et le travail les entourant. Je vous dis seulement que les histoires les plus passionnantes se déroulent là où sont installés les bureaux du maire à l’hôtel de ville, sans oublier celle racontée sous le pont Plaza – un des plus beaux lieux du centre-ville! – mettant en scène une femme autochtone décédée d’atroce façon dans la rivière Gatineau. La cerise sur le sundae? Le musée Bytown, connu comme le lieu le plus hanté de la capitale, parole d’experts! Dans ce mélange de curiosité et de frayeur, je me suis surprise à observer la ville différemment et à me faire la promesse de revenir visiter "Ottawa, la nuit" plus souvent…
Et si ces histoires réussissent à nous glacer le sang, c’est en partie grâce au fait que les guides ne se cachent pas sous des personnages, ce qui aurait eu pour effet d’arrêter notre imagination devant le spectacle présenté… Les images se créent ainsi d’elles-mêmes. Cette "magie noire" opère aussi parce que toutes les histoires racontées ont été vérifiées deux fois plutôt qu’une, ont fait l’objet de recherches approfondies dans les archives de la Ville et les coupures de presse, ont nécessité plusieurs témoignages et preuves pour en assurer la crédibilité. Les récits sont donc truffés de faits, de dates et de détails authentiques qui confondent les incrédules et font frétiller les soumis!
Le kiosque de la Marche hantée d’Ottawa se trouve aux coins des rues Sparks et Elgin, juste au-dessus d’un ancien cimetière. |
Parmi les autres marches offertes, Fantômes et Potence fouille plus avant les circonstances de la mort de D’Arcy McGee et visite la prison du comté de Carleton, alors que Crimes et Châtiments – la plus terrifiante! – se consacre à cet ancien lieu d’incarcération, devenu auberge. Sur réservation, on peut aussi découvrir Les Secrets du Château Laurier, alors qu’une autre visite, humoristique, révèle le passé grivois de la capitale avec Ottawa, vulgaire et indécente: une tournée des pubs. Sans oublier les visites rallongées de la période de l’Halloween! Et si vous vous demandez ce qui fait d’Ottawa une ville où il fait si bon vivre pour les fantômes et les légendes triviales, souvenez-vous qu’avant d’être "Ottawa, l’élégante", elle a été "Ottawa, capitale du crime en Amérique du Nord"! Ce qui n’a pas manqué de remplir ses cimetières et son patrimoine d’anecdotes de toute sorte, dont se délectent maintenant touristes et autres badauds! Info: www.hauntedwalk.com
AU CRÉPUSCULE
Les soirées de Contes à la brunante, organisées par le grand manitou du conte en Outaouais, Jacques Falquet, sont de retour, à la Maison des auteurs cette fois, dans le parc Jacques-Cartier de Gatineau. Après Claudette L’Heureux qui a donné le coup d’envoi mardi dernier, voici que le Hullois Marc Scott offrira L’amour se conjugue à trois le 14 août, accompagné du conteur de Jonquière Éric Girard. Le 21 août, Danièle Vallée présentera Racontars avec le chanteur et monologuiste Guy Perreault, tandis que le 28 août, Catherine Passever donnera vie à ses Contes toqués. L’activité, gratuite, débute à 20h. Plus de détails au www.aaao.ca/programmemaison.htm ou au 819 953-2677.