Ce week-end se tient la Fête de la solidarité. Tout Saint-Narcisse célébrera fièrement sa capacité à faire front commun dans l’adversité pour une… 26e année. Wow! Je trouve ça merveilleux; ce ne sont pas toutes les municipalités qui peuvent se vanter d’avoir des citoyens solidaires. Admettez que ce sentiment a manqué il y a deux semaines lors du premier Rendez-vous des arts de la rue à Shawinigan. Là, sur la 5e Rue, on a pu observer une populace un peu plus maigre qu’à l’époque du Festival de théâtre de rue, et une équipe de bénévoles pour le moins déficiente. Décidément, les gens n’étaient pas au rendez-vous cette année. Peut-être avec raison…
Avec le temps, le Festival de théâtre de rue s’était inscrit dans les habitudes des Shawiniganais. Il faisait même leur orgueil puisque des visiteurs d’un peu partout à travers la province s’y arrêtaient pour être, comme eux, surpris, émerveillés, déstabilisés. Le FTRS n’était pas un festival comme les autres, c’était "leur" festival. Et il avait les qualités d’être unique et éclaté. Si l’on oublie le volet financier – il demeure tout de même déplorable que des compagnies de théâtre et des entreprises de la région n’aient jamais été payées -, l’événement s’habillait d’une grande magie. Et c’est le souvenir qu’il laisse à ses adeptes. Les déboires financiers de l’organisation, quoiqu’ils les désolent sans doute, ne les concernent pas directement. Eux, ils retiennent le passage de girafes géantes, d’insectes lumineux, d’étranges créatures qui grimpent sur les murs des immeubles, bref une ville réinventée et plus belle que nature. Je comprends que les gens n’aient pas eu envie de plonger tête première dans le premier Rendez-vous des arts de la rue après une relation de 10 étés avec le FTRS. Permettez-moi la comparaison, mais lorsque quelqu’un nous quitte, on le remplace rarement par le premier venu, surtout si on l’aimait. On attend. On laisse la blessure se cicatriser, le souvenir devenir un peu plus flou. Autrement, une nouvelle liaison devient une sorte de bouée de sauvetage. Et dans un tel cas, il n’y a rien à espérer de cette dernière, qui inévitablement restera stérile. Non, on ne doit jamais forcer les choses. L’automne dernier, les Shawiniganais avaient eu peur de perdre le FTRS et ils l’ont perdu. À partir de là, il n’y avait plus rien à faire. Sinon que de leur faire avaler la pilule, et de nourrir leur hâte de voir un nouvel événement renaître de ses cendres. Léna Sauvageau, la directrice générale du Rendez-vous, avait raison de dire "mission accomplie" en ayant attiré quelque 8000 personnes. Selon moi, il était difficile de faire mieux dans les circonstances et en exploitant un nouveau créneau, disons-le, beaucoup moins original. Il y avait aussi la question d’un coût d’entrée de 3 $, qui, aussi minime soit-il, a engendré la colère de plusieurs… L’intérêt du FTRS consistait en son côté démocratique: tout le monde pouvait prendre part à l’événement. On oublie trop facilement que pour certaines familles moyennes (deux enfants, deux adultes), débourser 12 $ demeure encore trop. Notons également que le site occupait la principale artère commerciale du centre-ville. Selon moi, si l’on désire conserver l’option d’une entrée payante l’année prochaine, il faudrait peut-être déplacer les activités en dehors de cette zone. Enfin, comme l’a signalé la directrice, la transition a été faite entre les deux événements. Il ne reste plus qu’à espérer que le temps arrange les choses.