Pop culture : Le point de vue du disquaire
Société

Pop culture : Le point de vue du disquaire

Je me suis souvent faite défenderesse du centre-ville de Sherbrooke, mais j’avoue que des fois, je désespère. Un commerce ouvre, un autre ferme. Même le fameux coin King-Wellington est maintenant défiguré par deux locaux laissés vacants par des cafés fermés.

Cette semaine, je cède l’espace Pop culture à Sylvain Lecours, propriétaire du Musique Cité dans la côte King depuis bientôt 15 ans. Le dernier des disquaires indépendants a lu ce texte lors d’une récente réunion du conseil municipal. Il fait suite au cri d’alarme lancé par un autre commerçant du centre-ville, Jacques Côté, contraint de fermer sa boutique de livres et de disques usagés, Disk’hier.

Il fut une époque où au centre-ville
Trouver un disque était assez facile;
Musique Cité, Wilson et Mélodie,
Le Juke Box, Musicomaniac aussi;
Le Gramophone et même Le Discret,
Pour vous servir, tous y étaient.

Mais alors qu’en est-il aujourd’hui?
Ils ont tous, tous disparu à jamais.
Sauf peut-être le plus petit,
Dernier des indépendants désormais.
Le Juke-Box est encore là, je vous demande pardon
Mais il ne vend plus de disques, précisons.

"Les gestionnaires qui doivent fermer leurs portes
N’ont qu’eux-mêmes à blâmer. Ça va très bien"
Ce sont les propos que
La Tribune rapporte,
Ceux de MM. Brochu, Marcoux et Paquin.

Souvenez-vous aussi que sur Wellington ou tout près,
De nombreuses succursales bancaires existaient.
Banque de Montréal, Banque de Nouvelle-Écosse, Banque Royale.
CIBC, Sherbrooke Trust, Banque Nationale.
Les banques du centre-ville? Toutes volatilisées!
Même les guichets automatiques: tous enlevés.

Les gestionnaires des banques, les spécialistes de la finance
Sont-ils les seuls responsables de cette déchéance?
La fermeture de toutes leurs succursales ou leur déménagement,
C’est peut-être parce qu’il n’y avait plus assez de commerçants!

Disparus, les marchands de souliers, d’articles de sport, les papeteries.
Il n’y a plus de spécialistes de haute-fidélité, ni de bijouteries.
Même la boutique Sport Wellington
N’est plus sur Wellington!!

Mais un spécialiste nous dit que "les locaux vacants doivent être considérés
Non comme une faiblesse mais comme une force du quartier."
Pierre Laflamme disait: "Vous avez beaucoup d’espace pour définir l’avenir;
Le taux de vacance élevé est une chance à saisir!"
Et ce "pseudo-expert" en rajoute un peu, beaucoup même:
"Ici, vous avez tout ce que le monde veut, alors c’est quoi le problème?"

Pour ma part, ce que moi j’ai identifié
Comme une des raisons pour un centre-ville déserté:
Peut-être que notre centre-ville n’est pas assez beau.
Je vous ai amené une centaine de preuves en photos.

Édifices délabrés, poubelles débordantes, graffitis et saletés;
Moisissures, excréments, détritus, vitres cassées;
Bornes-fontaines, cabines téléphoniques et boîtes postales défigurées;
Fils électriques dénudés, vandalisme, équipement laissé à l’abandon;
De nombreux exemples de négligence, de détérioration.

Je suis une partie du problème mais aussi de la solution,
C’est pourquoi je vous amène une proposition:

Monsieur le Maire Perrault, accepterez-vous d’être le "leader"
Celui qui réunira commerçants et entrepreneurs,
Propriétaires et locataires, élus et citoyens,
STS, Hydro, Bell, pour que tout le monde se donne la main
Pour nettoyer, réparer, décorer, éclaircir;
Améliorer, sécuriser, restaurer, embellir.

Monsieur le Maire, je ne réclame pas votre démission,
Au contraire je vous confie plutôt cette mission.
Je vous en prie, reconnaissons que le problème est plus grave qu’il n’y paraît.
Et faisons en sorte que ce soit "Sherbrooke, plus que jamais".