Thomas Mulcair : Histoire de crédibilité
Société

Thomas Mulcair : Histoire de crédibilité

Thomas Mulcair est en croisade. Il en a contre l’attitude "je-me-moi" du gouvernement Harper en matière d’environnement. Pour mieux l’affronter, l’ex-ministre de l’Environnement du Québec se présente au fédéral pour le NPD dans Outremont. Conférencier invité à l’École d’été de l’Institut du Nouveau Monde, il rappellera que Harper et son équipe ont des devoirs environnementaux.

Vous avez accepté l’invitation de l’INM avant de vous porter candidat dans Outremont. Il reste que c’est une belle occasion d’aller chercher des votes…

"Oui, mais mon intervention ne sera pas partisane. Je désire me pencher sur les obligations internationales du gouvernement fédéral de respecter le protocole de Kyoto. Je veux parler du fait que Harper ne fait rien pour l’honorer. Et ça, ce n’est pas un argument politique, c’est un fait. Respecter les lois, c’est l’essence même d’une démocratie."

Quel sera le prix à payer si le Canada ne respecte pas le protocole de Kyoto?

"En premier lieu, c’est certainement la crédibilité du Canada qui est en jeu. Le Canada ne pourra plus jamais signer de traité ou de protocole et être considéré comme un partenaire valable. Prenons en exemple le conflit concernant le détournement des eaux du Devil’s Lake, au Dakota du Nord, vers la rivière Cheyenne et le lac Winnipeg. Quand j’ai accompagné Gary Doer (PM du Manitoba) à Washington, notre argument se basait sur le Traité des eaux limitrophes, signé en 1909. On a réussi à avoir gain de cause, grâce à leurs obligations découlant du Traité. Si le Canada devait fournir le même argument aux Américains, il lui serait difficile d’être crédible."

Qu’en est-il de l’impact à l’intérieur du pays?

"Un des problèmes sera que le gouvernement aura de la difficulté à faire respecter les lois environnementales du pays. Comment pourra-t-il poursuivre une papetière qui déverse des produits chimiques dans un cours d’eau si lui-même ne respecte pas un traité qu’il a signé? Si l’environnement devient la dernière des priorités du gouvernement, ça se traduira dans ses sanctions environnementales qui seront de moins en moins fréquentes. Et malheureusement, ce sont les générations futures qui écoperont."

Quand vous parlez des contrecoups sur les prochaines générations, vous évoquez l’attitude "nord-américaine" du gouvernement. Que voulez-vous dire?

"Ici, contrairement à l’Europe, la génération actuelle ne s’occupe que de ses problèmes, sans se soucier des générations futures. En matière d’environnement, c’est assez typique de l’Amérique du Nord. Si on retourne en arrière, on sait que l’immigration massive des colons a dévoré sans scrupule les ressources. C’est ce que fait le gouvernement Harper en ce moment, en niant son devoir de faire respecter le protocole de Kyoto."

Êtes-vous pessimiste à l’égard de ce qui attend les générations futures?

"Non, je suis un éternel optimiste. Et je crois malgré tout, et ce surtout au Québec, que la génération montante est consciente du problème. Elle a eu une éducation générale qui souligne l’importance de l’environnement et la nécessité de penser aux prochaines générations. La mentalité est en train de changer. La tenue de l’École d’été de l’INM fait d’ailleurs partie de cette nouvelle conscientisation."

Thomas Mulcair tiendra une conférence – Kyoto… trop peu trop tard? – le jeudi 23 août dans le cadre de l’École d’été de l’INM.

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APPRENDRE À S’ENGAGER

L’École d’été de l’INM se déroulera du 22 au 25 août. L’objectif de la rencontre n’est pas d’inculquer une manière de penser, mais plutôt d’enseigner l’importance de l’engagement, toutes allégeances politiques confondues. Bonne nouvelle, le programme de cette 4e édition a considérablement épaissi par rapport aux années précédentes. Parmi les personnalités invitées, Biz, membre de Loco Locass, Mario Dumont et Hervé Kempf, auteur de Comment les riches détruisent la planète. Humanitaire, politique, médiatique ou culturelle, la grille thématique est bigarrée à souhait.

La Journée de l’entrepreneuriat social, le 24 août, est la nouveauté de l’édition 2007. Plusieurs panélistes viendront parler des approches entrepreneuriales qui favorisent le développement durable et l’implication de la communauté. Sidney Ribaux, cofondateur d’Équiterre, Nancy Neamtan, présidente-directrice générale du Chantier de l’économie sociale et le pédiatre social Gilles Julien seront, entre autres, de la partie. Pour plus d’information: www.inm.qc.ca.