Forum social québécois : La moitié gauche du Québec
Société

Forum social québécois : La moitié gauche du Québec

Après avoir été annoncé en grande pompe pour juin 2006, puis annulé, par manque de fonds, le Forum social québécois débute en force. Du 23 au 26 août, plus de 300 activités sont proposées aux milliers de personnes attendues.

Le FSQ foisonne d’activités, de thèmes et d’axes transversaux. Les femmes, les pauvres, le Québec, la religion, les immigrants, l’art, l’environnement…, scruter la programmation peut être une épreuve vertigineuse pour tout indécis. Qu’à cela ne tienne, les organisateurs s’attendent à 2000 inscriptions. Pour "réfléchir stratégiquement", ça fait du monde à la messe et bien des sujets à débattre. "Oui, mais c’est ça l’esprit du Forum, soutient Nathalie Guay, du comité d’organisation. On ne peut pas exclure de thématiques. Même si on avait moins d’axes, il y aurait eu autant d’activités, et les axes auraient été plus larges."

Créée dans la mouvance des forums sociaux mondiaux qui ont lieu depuis 2001, la version québécoise offre presque autant d’axes que ceux-ci, pour cinquante fois moins de participants. Le FSQ semble vouloir ratisser large, en faisant de l’événement un grand melting-pot de questions sociales. "Il faut savoir que ce sont les organisations qui proposent leurs propres activités; c’est un processus d’auto-programmation. Si nous avions exclu un axe comme les services publics, par exemple, il y a plein de syndicats qui ne se seraient pas sentis interpellés et qui n’auraient pas voulu participer au Forum. Même chose avec l’axe spiritualité. Les communautés religieuses nous ont donné beaucoup d’argent", explique-t-elle, en précisant que l’objectif n’était pas de collectionner les commandites, mais bien d’interpeller tout un chacun avec des thématiques les plus larges possibles.

À QUOI ÇA SERT?

Par le Forum, les organisateurs espèrent rappeler aux citoyens l’importance de s’approprier le geste politique et de proposer des actions concrètes. Tous les ateliers auront leur propre feuille de proposition. "Idéalement, il y aura une proposition réaliste qui sortira de chaque atelier. Nous les afficherons ensuite sur notre site web", affirme Nathalie Guay. Du coup, on ne doit pas s’attendre à ce que les actions surviennent pendant le Forum, mais dans les mois qui suivront. Vraisemblablement, selon la jeune femme, les forums sociaux ont souvent été le préambule de plusieurs événements. "Le meilleur exemple pour le prouver, c’est la Journée mondiale de marche contre la guerre en Irak. Cette idée est née lors de l’assemblée des mouvements sociaux du Forum de Porto Alegre en 2003", rappelle Nathalie Guay.

Néanmoins, pour passer à l’acte, il faut se faire des contacts. C’est surtout ce à quoi vont servir les quatre jours du FSQ. "Nous espérons amener les gens à mieux se connaître et à mieux travailler ensemble. Nous insistons sur le fait que c’est un rendez-vous pour tous les Québécois de toutes les régions. L’identité québécoise d’aujourd’hui est difficile à définir. Je crois que le Forum peut devenir un lieu où cette identité peut se créer et s’affirmer. Nous n’allons pas arriver avec un plan d’action que nous allons imposer à tout le monde. Il faut que ça reflète la réalité, que ça soit débattu. Et le Forum offre l’espace pour cela."

Il reste que les participants attendus ont généralement un point en commun: une dent contre le néolibéralisme. Définir l’identité québécoise avec pour seuls joueurs la moitié gauche d’une société, voilà un beau défi. "C’est vrai que l’on en a contre les politiques néolibérales. Nous critiquons les mesures qui privilégient le secteur économique au détriment des services sociaux. Mais les gens de gauche ne sont pas tous sur la même longueur d’ondes. Ce ne sera pas une séance de tapes dans le dos! Il y aura des débats."

SOLIDARITÉ FORCÉE

Au FSQ, la solidarité des citoyens est primordiale. Cela étant, l’événement se tient en même temps que l’École d’été de l’Institut du Nouveau Monde (INM). A priori, il n’y a rien de très solidaire là-dedans. "Nous n’étions pas au courant, insiste Nathalie Guay. Après avoir annoncé les dates, on a reçu un appel de Michel Venne, le directeur de l’INM. Suite à quelques discussions, il nous a proposé de devancer son École d’été d’une journée. Elle a donc lieu du 22 au 25." Au lieu de partir en guerre, ils se sont donc ajustés aux circonstances. Mieux, ils en tirent avantage. "Nous partageons les coûts pour certains invités internationaux, comme Chico Whitaker, un des fondateurs du Forum social mondial de Porto Alegre." Et tant qu’à être solidaires, le FSQ et l’INM ont décidé d’offrir au public des inscriptions conjointes. Ceux qui le désirent peuvent se procurer des passeports laissant libre accès aux deux événements. Ce qui amène Nathalie Guay à conclure que c’est finalement une excellente chose que les événements se déroulent en même temps. "S’ils avaient été décalés d’une ou deux semaines, il y aurait peut-être eu moins de participants à l’École d’été de l’INM. Les gens des régions ne seraient probablement pas descendus pour les deux événements. Je suis très contente que l’on ait décidé de travailler en synergie."

Le Forum social québécois a lieu du 23 au 26 août. Les multiples activités et spectacles se déroulent principalement dans les environs de l’UQAM et du parc Émilie Gamelin. Programmation disponible sur le site www.forumsocialquebecois.org.