Action Culture : Au diapason de la relève
Société

Action Culture : Au diapason de la relève

À la suite de la fermeture des locaux d’Action Culture, nous faisons le point avec son administrateur, Martin Tétu, cofondateur du Festival Off de Québec, sur la situation actuelle de l’organisme.

La fermeture des bureaux d’Action Culture, situés au 411, rue Dorchester, a laissé place à la surprise, et les spéculations sur la disparition de l’organisme nous ont amenés à entrer en contact avec son administrateur, Martin Tétu, pour clarifier la situation. Le fondateur d’Action Culture, qui y oeuvre depuis maintenant cinq ans, explique que cette fermeture ne se résume qu’à un simple changement d’adresse, l’organisme possédant maintenant un bureau au 44 de la rue Saint-Nicolas, à proximité de la côte du Palais. "Pour nous, techniquement, que nous soyons situés à peu près n’importe où ne change absolument rien à nos activités, relate-t-il. C’est peut-être intéressant pour certaines personnes de constater que nous quittons Saint-Roch, mais dans notre milieu, 95 % des interactions se font par Internet ou par téléphone. La plupart du temps, on se déplaçait plutôt que de recevoir les gens au bureau."

Spécialisé dans la médiation culturelle et l’organisation d’événements publics, le principal intéressé se concentre sur les activités en cours, telles qu’une étude en collaboration avec le Service de la culture de la Ville de Québec, dont Action Culture est mandataire. Il ne croit pas que ce changement d’emplacement aura des conséquences majeures sur ses activités. Pour ceux qui voudraient y voir une corrélation avec la vitalité culturelle du quartier Saint-Roch, les conclusions à tirer sont peut-être plus complexes, selon lui. "On se développe en rapport avec ce qui se passe dans la ville, constate Martin Tétu. Tout le monde est soumis à une dynamique générale. Ces derniers temps, on remarque qu’il y a beaucoup moins de lieux pour faire de la diffusion de spectacles. Auparavant, nous pouvions faire jusqu’à quatre endroits différents par semaine. Le Café Loft, le Sacrilège, le Drague, etc. Maintenant, on se concentre sur des études pour la Ville, sur la planification d’événements et l’organisation de certains projets. Nous assumons de moins en moins d’activités de diffusion parce qu’il nous faut des outils pour le faire. Est-ce que c’est à la Ville de réagir et de structurer tout ça? Moi je me rends compte que la ville, ses milieux et ses quartiers, c’est un ensemble d’intervenants. À Québec, on a souvent tendance à pointer un organisme ou une institution, sauf que c’est plus compliqué. J’opterais pour une réflexion globale sur le sujet et je pense qu’elle n’a pas été faite."

Pour Neal Morgan, associé dans l’entreprise depuis sa formation et principal intervenant auprès de la clientèle pour la production graphique et la publicité, les conséquences d’un loyer sur la rue Dorchester ont modifié les impératifs administratifs d’Action Culture. "Sur nos cinq années d’existence, il y en a quatre où nous étions dans les bureaux de Saint-Roch, résume-t-il. La fermeture du bureau n’est pas grave, c’est qu’on s’adapte à une réalité. Les frais fixes qu’occasionne un bureau sont élevés. C’est sûr qu’être positionné dans le quartier pouvait contribuer à notre réputation. Il ne faut pas oublier qu’avec l’ouverture de la galerie Rouje à l’époque, il y avait une dynamique très positive." Un constat qu’est à même d’établir Martin Tétu. "En ce qui concerne ce quartier, nous avons quoi? Il y a l’AgitéE, mais ça ne fait qu’un an que c’est implanté. Il y avait Rouje, qui finalement se transforme, et on souhaite que ça fonctionne. Il y avait le café-théâtre Les Fourberies, qui a été remplacé par les Salons d’Edgar, un restaurant qui est fermé l’été. Quand on regarde ça, c’est vrai qu’on peut se poser des questions sur le développement de Saint-Roch."

ACTION RELÈVE

Au coeur des activités d’Action Culture ces dernières années, le programme Action Relève est le dossier le plus important jamais opéré par l’entreprise. Un programme public-privé qui s’est échelonné sur deux années d’activité, soit de 2004 à 2006, en collaboration avec le Carrefour jeunesse-emploi de Sainte-Foy (Option-travail). Totalisant un budget de 80 000 $, cette enveloppe a été assumée à 62 % par le Fonds régional d’investissement jeunesse, intégré au Forum jeunesse de la région de la Capitale-Nationale. "Ça nous a permis de rencontrer plus de 400 jeunes, se rappelle Martin Tétu. Nous sommes aussi arrivés à une conclusion, décrite dans le rapport qui a été soumis à Option-travail, avec qui nous étions liés par contrat. Selon nous, les organismes indépendants ne peuvent pas supporter eux-mêmes des projets de développement culturel à long terme. Il y a des projets qui devraient être maillés avec certaines institutions publiques. Un service de première ligne, c’est trop lourd pour un organisme seul." Ce rapport de 24 pages fait la description des consultations offertes au coût de 50 $ à 100 $ (des modalités modifiées par la suite) à des jeunes de 16 à 35 ans intéressés par la mise en oeuvre et la diffusion d’un projet artistique.

Questionné sur le bilan final de cette entreprise, Flavio Gavidia, conseiller en développement pour le Fonds régional d’investissement jeunesse, est surpris de notre intérêt pour ce projet pilote, l’organisme ayant contribué à hauteur de 50 000 $ dans la réalisation de cette mission d’intégration jeunesse. "C’est-à-dire que c’est un dossier délicat. Nous sommes en procédures pour obtenir de l’information, soit le rapport final de ce programme ainsi que les budgets, depuis décembre 2006, mais nous n’avons pas de réponse de la part d’Option-travail. Dans ce contexte, nous avons exercé notre droit de garder la dernière enveloppe de paiement pour ce programme, comme il est prévu dans nos ententes." David Lamothe, conseiller en emploi dans l’équipe d’Option-travail et chargé de projet au sein d’Action Relève, admet son ignorance concernant cet état de fait. "J’ai participé avec Martin Tétu aux consultations offertes aux jeunes artistes les lundis, tout au long de ces deux années. Nous avons obtenu les conclusions d’Action Culture par la suite, mais je ne suis pas responsable de la comptabilité ou de la soumission d’un bilan auprès du Forum jeunesse." La directrice générale d’Option-travail, Marilaine Duplain, admise en fonction depuis peu, se réserve de tout commentaire par voix de la réception, prétextant son manque d’information sur ce dossier.