Pop Culture : Le voyage d'une vie
Société

Pop Culture : Le voyage d’une vie

Dimanche, après avoir marché dans le Vieux Nord, "chillé" au Domaine Howard, joué au frisbee et bu un p’tit verre sur la terrasse du Bla-Bla, mon amoureux et moi sommes allés à la Maison du cinéma voir le documentaire de Maryse Chartrand, Le Voyage d’une vie. La réalisatrice a pris une année de congé pour faire le tour du monde avec son mari Samuel et leurs trois enfants. Mais un an après le retour de la famille à Montréal, Samuel s’est suicidé.

Maryse Chartrand a alors cherché à comprendre pourquoi l’homme qui partageait sa vie depuis 18 ans avait posé ce geste venu contredire tout ce qu’elle savait de lui, comme elle le dit avec sa douce voix en narration. Elle s’est servie des images tournées en voyage, déjà dédiées à un film sur leur périple, pour réaliser un documentaire sur les causes du suicide. Ce faisant, elle rend un véritable hommage à la vie tout en essayant de faire sa part pour freiner ce fléau qui affecte les hommes québécois. Car chez ceux âgés de 17 à 45 ans, le suicide représenterait la première cause de mortalité. Plongée dans l’obscurité de la salle de projection 13, j’ai beaucoup pleuré en regardant ce film tourné avec doigté et tellement d’amour. Mon gros gaillard de chum aussi.

Dans sa quête, Maryse Chartrand a interviewé quelques spécialistes. Le témoignage d’une psychologue spécialisée en santé mentale au travail, Louise St-Arnaud, est venu résonner en moi. S’interrogeant sur le travail qui devient toujours plus stressant et les stratégies néfastes que plusieurs mettent en place pour tenir le coup, la dame mentionne ceci: "Pour certaines personnes, le retrait est un signe de bonne santé mentale."

Quand j’ai entendu ces mots, j’ai su que j’avais pris la bonne décision. Après 189 numéros, j’ai choisi de quitter le Voir Estrie, fière du travail accompli et fière de le voir voguer avec un nouveau capitaine au gouvernail. Matthieu Petit devient le nouveau rédacteur en chef du journal. Avec sa culture immense, ses contacts, son flair et son sens de l’organisation, il saura, j’en suis convaincue, prendre la relève avec brio.

Vous risquez de voir ma signature dans le prochain journal, mais après, je me laisserai porter par le vent en gardant pour le Voir une place très spéciale dans mon coeur. Je ne compte plus les beaux souvenirs liés à ce travail de rédactrice en chef. Souvent, je me disais : "Wow! Je suis payée pour me cultiver et pour rencontrer des artistes!" et j’avais envie de me pincer pour le croire. Et ne vous inquiétez pas: jamais des idées morbides ne me sont venues en tête. Mais je crois qu’après quatre ans, j’étais simplement due pour céder ma place.

Mon baluchon de connaissances et d’expérience un peu mieux rempli, je fais ce que j’ai reproché à plusieurs artistes sherbrookois: je m’envole vers la métropole. Je vous remercie infiniment pour ces quatre belles années. Je reviendrai sans aucun doute voir des spectacles dans le coin et profiter des beautés de l’automne dans les Cantons-de-l’Est. Et si je peux vous faire une dernière recommandation, je vous conseille chaleureusement d’aller voir Le Voyage d’une vie.