Laurence Jalbert: rousse naturelle : L'interrogatoire
Société

Laurence Jalbert: rousse naturelle : L’interrogatoire

Laurence Jalbert a mis six ans avant de se relancer dans l’aventure studio. Elle revient avec Tout porte à croire, réalisé avec le fidèle Réjean Bouchard. À partir de ses photos de paysages, elle a fait des chansons.

Le décor représente un téléphone. C’est lui qui relie les gens pressés et débordés mais qui veulent quand même communiquer. Laurence prend du retard, son attaché de presse appelle pour prévenir. On ne peut prévoir la durée de l’échange, expédié ou allongé. Finalement, le matin bien avancé, l’entretien démarre, éclairé par le soleil, chaud comme la chevelure de la chanteuse.

Voir: Quelles sont vos obsessions du moment?

Laurence Jalbert: "Je n’ai pas d’obsessions, mais tout simplement des désirs, des buts à réaliser. Je suis dans le moment présent, dans l’album, comme un autre enfant que je viens de mettre au monde. Une obsession, pour moi, ça fait référence à quelque chose de radical."

Qu’est-ce qui vous distingue des autres?

"Je suis rousse naturelle! Mon papa est décédé il y a trois semaines, on a vidé la maison familiale et j’ai trouvé dans un sac de plastique une couette, une mèche de cheveux que, quand j’avais six ans, ma mère avait coupée. Je peux te dire que j’ai toujours été rousse naturelle! (rires). Ma force de vivre, je pense que je l’ai héritée de mon père, un excessif, tête droite, positif à la vie, à la mort."

Jugez-vous votre sort enviable?

"Je suis privilégiée, mais on ne parle pas de chance, car je l’ai faite moi-même, ma chance. Je suis partie de la Gaspésie, mes parents n’étaient pas riches. On ne m’a pas donné tout cuit dans le bec. J’ai acquis les choses par ma force de travail et de caractère, et un certain talent. J’ai la vie que je souhaitais avoir."

Nommez trois artistes que vous aimez.

"Il y en a tellement! James Taylor, c’est un génie! Le poète Pierre Morency. J’adore ses mots, la façon dont il les fait voler. Kate Bush, également, parce que c’est un être libre. Folle. Elle fait la musique qu’elle aime. J’ai de l’admiration pour les femmes qui sont auteurs-compositeurs."

Que dirait votre épitaphe?

"À la vie, à la mer, Laurence Jalbert. Ça flotte. C’est planant."

Qu’est-ce qui vous fait encore peur?

"J’ai écrit une chanson là-dessus sur mon album (Chanson pour…). C’est une observation sur les autres: perdre un de mes enfants. Je te dis ça et j’ai l’impression d’avoir un os dans la gorge."

Où étiez-vous il y a dix ans?

"J’avais 38 ans. J’étais sur un air d’aller. Mon fils s’était sorti de la majorité de ses problèmes de naissance. J’étais sur un regain de vie. Je venais de me sortir d’une maladie grave, la bactérie mangeuse de chair. Après ça, tous ces obstacles, j’ai décidé que j’optais pour la vie. J’avais le choix entre abdiquer ou me battre. En fait, même pas me battre, juste vivre."

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire?

"Une imprimante photos (rires). Mautadit! Les photos numériques, c’est complètement innocent. On a plein de photos sur l’ordi, mais elles restent là. Mais celle que je veux par exemple, c’est la dernière de Canon. (Vous notez? ndlr)"

Qu’aimeriez-vous oser faire?

"J’ai tellement fait ce que j’ai voulu que… Ah! Sais-tu quoi? Mon permis de conduire. À un moment donné, j’aimerais oser prendre mes cours de conduite! Ça, mon chum va être content de lire ça! (rires) Jusqu’à maintenant, j’en ai jamais eu besoin."

Que pensez-vous des journalistes?

"Il faudrait faire du cas par cas. Journalistes de guerre, j’ai une admiration incroyable. Journalistes à potins, c’est plus so-so… Généralement, j’ai énormément de respect pour ceux qui prennent une opinion, qui la répandent et qui le font bien. Chacun son travail. Moi, je ne le ferais pas. J’aurais de la difficulté à faire comme toi et à me retrouver avec des gens que j’aime pas. Tu les hais et t’es obligé de les passer en entrevue."

Laurence Jalbert
Tout porte à croire
(Audiogram)
Sortie le 9 octobre