Deux générations sous un même toit
Être propriétaire, c’est bien. Être propriétaire avec papa ou maman, c’est… pratique.
Il peut être financièrement difficile d’acheter ou de construire une maison seul. Au lieu de s’en remettre à la banque, la jeune génération se tourne parfois vers ses parents… et cohabite avec eux. Avec la hausse des prix des matériaux, de la main-d’oeuvre et des maisons qui se trouvent sur le marché, il arrive de plus en plus que deux générations habitent sous le même toit. Il se peut même parfois que la situation fasse le bonheur de tous. Voici un exemple de ce phénomène dans le milieu de l’immobilier: les maisons bigénérationnelles.
En 2000, Raymond Valence a reçu un "héritage en avance" de son père: deux acres de terrain à Stoke. Voulant immédiatement en profiter, lui et son père décidèrent d’y construire une maison qui serait commune. Ainsi, malgré une situation précaire, Raymond a pu emprunter suffisamment à la banque. "La valeur du terrain me servait de mise de fonds pour l’hypothèque."
L’atout principal du projet de M. Valence et de son père fut le savoir-faire de ce dernier. Avec plus de 30 ans d’expérience dans le domaine de la construction, il avait les relations et les connaissances qu’il fallait pour offrir à son fils la maison de ses rêves… avec un appartement annexé. L’autre astuce fut de construire la maison à l’aide du bois se trouvant sur le terrain. Construire à la campagne a ses avantages! Ainsi, les murs, planchers et moulures sont en pin rouge ou en sapin. "On a ensuite replanté des essences nobles comme le chêne, le bouleau jaune et le pin blanc."
Le fils Valence estime que la maison, qui lui a coûté 85 000 $ à construire en 2000, vaut environ 250 000 $ aujourd’hui. Il faut dire qu’il investit chaque année au moins 10 000 $ en rénovations et 3 000 $ en aménagement paysager. "Au départ, il n’y avait que les pièces, et le terrain était rough." Ces améliorations se justifient entre autres par l’arrivée de deux petites filles dans la vie de Raymond et sa conjointe, Sara. Ainsi, alors que le fils avance l’argent qu’il faut, le père (devenu grand-père) y met du temps… beaucoup de temps. "Avant, il le faisait pour nous, maintenant c’est pour les filles. Il voit encore plus loin." Il a même construit une miniferme pour ses chéries…
Toutefois, il n’y a pas que des avantages à vivre avec son père. "C’est perçu comme que tu restes avec tes parents, sauf que ce n’est pas tout à fait ça. C’est plus une relation de colocataires. Ça prend un certain détachement." Selon M. Valence, cette cohabitation ne serait pas possible si la maison n’avait pas deux unités distinctes; il n’y a pas d’accès direct entre les deux. "Quand je vais chez mon père, je dois sortir dehors et sonner à sa porte." Chacun a son espace vital.
Et comment trouve-t-il la vie de famille à la campagne? "Moi et Sara, on est des enfants d’appartement. C’est notre première maison à vie. On connaît la valeur d’avoir de l’espace. Ce qui est difficile après coup, c’est qu’on ne veut plus sortir. Tu ne déranges pas personne; tu fais tes affaires. Et pour les enfants, le parc est partout."