Commissions scolaires : Brasse-camarade
Société

Commissions scolaires : Brasse-camarade

Menacées d’extinction par l’ADQ, les commissions scolaires doivent faire la preuve qu’elles ne sont pas les enfants pauvres du système démocratique.

L’élection scolaire du 4 novembre est un test pour la Commission scolaire de la Capitale. Pour la première fois de son histoire, les candidats aux postes de commissaires se sont constitué de véritables "partis politiques".

Dans ce milieu où la règle du chacun-pour-soi fait recette depuis plusieurs décennies, il s’agit d’un changement majeur qui pourrait bien bouleverser l’équilibre des pouvoirs. S’ils remportent leurs élections, ces candidats comptent faire autre chose que d’établir les frais de stationnement et "dispatcher" les brigadiers.

Le président d’élection espère que l’introduction d’équipes aura un effet bénéfique sur le taux de participation. En 2003, seulement 8,4 % des électeurs ont répondu à l’appel aux urnes, laissant libre cours aux détracteurs de la démocratie scolaire. "Le fait que les candidats se soient réunis a complètement changé la dynamique, constate André J. Boucher. Pour la première fois, il y a des formations qui rivalisent entre elles pour présenter des noms dans chaque quartier. Plus il y a de gens qui font du porte-à-porte, meilleur sera le taux de participation."

Au Québec cette année, 65 % des circonscriptions seront remportées par acclamation, faute de candidatures. Mais dans la capitale, la constitution d’équipes a déjà eu une incidence marquée. Alors qu’il y a cinq ans, seulement 11 circonscriptions avaient deux candidats ou plus, cette année, 16 des 25 circonscriptions seront en élections.

Véritable État dans l’État, les commissions scolaires lèvent leurs propres taxes et ont leurs propres élus qui président, en théorie, aux destinées des écoles. Mais dans la pratique, ils sont nombreux à se demander si leur rôle ne se limite pas à cautionner les décisions de la direction. Une situation qui ne peut plus durer, estime le porte-parole de l’équipe Respect.

À 71 ans, Napoléon Létourneau n’en revient toujours pas du peu de cas que la commission scolaire fait de ses propres élus. "Il y a six mois, j’étais complètement désabusé. Les réunions du conseil des commissaires se terminaient à des heures indues, mais au bout du compte, on n’avait pris aucune décision pour le bien-être des enfants. Si je me présente à nouveau, c’est parce que le gros bateau de l’éducation doit changer de cap. Et pour ça, il faut changer de capitaine. Si on ne le fait pas, l’ADQ aura raison de saborder les commissions scolaires."

S’il n’avait pas été recruté par l’équipe Respect, l’homme d’affaires à la retraite n’aurait jamais brigué de second mandat. C’est la possibilité de donner plus de pouvoirs aux commissaires qui l’a convaincu de rester. "Lors des réunions, on discutait de frais de stationnement et de brigadiers scolaires. Des décisions qu’on devrait normalement déléguer à nos fonctionnaires. Dans l’état actuel des choses, ce sont eux qui nous disent quoi faire, alors que ce devrait être le contraire. C’est à nous, les élus, de prendre les décisions importantes."

Si son équipe prend le contrôle du conseil des commissaires, oubliez l’époque ou "le secrétariat" prenait toutes les décisions et laissait la poutine administrative aux élus, promet Napoléon Létourneau.

La chef de l’équipe Éduc-Capitale entend elle aussi brasser la cage. Après deux mandats, dont un à titre de présidente de la commission scolaire, Murielle Gingras s’est entourée d’une équipe pour faire avancer ses dossiers à la vitesse grand V. "J’ai dit à la direction générale que si je suis à nouveau élue, il y a des choses qui vont changer. Présentement, je trouve qu’on ne joue pas assez notre rôle."

C’est toute la fonction de commissaire qu’elle souhaite redorer. "Je veux donner plus de responsabilités aux élus scolaires pour qu’ils soient actifs dans la communauté. Je veux prendre plus souvent la parole, parler avec les gens, aller dans les écoles pour voir comment se déroulent les projets." Un changement pour le moins radical dans ce milieu où les élus sont généralement intimés à la discrétion.

La Commission scolaire de la Capitale estime que ces élections sont la preuve que la démocratie scolaire est bien vivante. Elle pourrait bien en faire la démonstration à ses dépens, si les commissaires réalisent leur tour de force: redonner le véritable pouvoir aux élus scolaires.

Les bureaux de scrutin seront ouverts de 10h à 20h, le 4 novembre. Le jour des élections, votre employeur est tenu de vous accorder au moins quatre heures consécutives pour aller voter.

www.electionsquebec.qc.ca/scolaires2007
www.educcapitale.net