Voilà bien une phrase que le petit francophone moyen s’est fait répéter à perpétuité en grandissant! Drôle d’aphorisme tout de même!
Quoi qu’il en soit, il semblerait qu’à Gatineau, le message a été entendu puisque nous sommes plus polis qu’ailleurs en province, selon une enquête menée par Sélection du Reader’s Digest pour le palmarès des villes canadiennes les plus courtoises. Publiée dans son numéro de novembre, cette étude, qui a examiné 18 agglomérations au Canada, révèle en effet que Gatineau (4e) serait la ville la plus courtoise au Québec devant Montréal (9e), Sherbrooke (12e), Saguenay (13e) et Québec (15e). Les trois premières positions des villes canadiennes reviennent à Moncton, Calgary et Vancouver. Fait étrange, Ottawa, imposante voisine de Gatineau, arrive en dernière position (18e)! Le civisme des résidents divergerait-il à ce point d’un côté à l’autre de la rivière?… Bien sûr, cette enquête n’est en aucun cas scientifique, mais l’équipe a néanmoins fait preuve de rigueur. La courtoisie a été mesurée par trois tests: le premier consistait à vérifier si on tenait la porte à un individu aux bras chargés au moment de sortir d’un édifice; le deuxième mettait en scène une personne à l’air stoïque achetant une babiole dans un magasin pour évaluer la courtoisie du commis; le troisième était de laisser tomber par inadvertance les feuilles d’un dossier pour voir si une personne allait aider.
Les "agents secrets/journalistes" mettaient les villes en observation pendant deux journées et essayaient d’agir de la façon la plus neutre possible, questionnant ensuite les "cobayes" sur leurs agissements. À la lumière des commentaires – dont ceux des vidéos mises en ligne sur le site selection.ca -, on se rend vite compte que la courtoisie est avant tout une question de réflexes. Ou ben donc ça a été inculqué tôt dans la vie ou ben donc ça fait partie de la bonhomie naturelle des gens, mais il est rare que l’on réfléchisse avant d’agir dans de pareilles circonstances.
Les Gatinois peuvent se réjouir d’avoir eu la brillante note de 75 % (45 tests réussis sur 60), ce qui mérite un gros collant dans leur cahier de la bonne conduite! Gatineau a même eu une note parfaite au test de la caisse – ce qui n’est pas peu dire: l’air bête des caissières peut être monnaie courante dans bien des commerces!
Cela n’est pas sans alimenter mon incompréhension devant le sombre résultat d’Ottawa. Certaines spéculations ont été avancées, selon lesquelles les villes plus touristiques vivaient une certaine forme de lassitude par rapport à l’affluence. À preuve, la ville de Québec se classe en 15e position. Serait-ce que les résidents des capitales seraient plus enclins à faire "l’aimable" auprès d’un concitoyen qu’à l’égard d’un touriste venant visiter le parlement et les musées? C’est une hypothèse… Mais mon petit doigt me dit que si Sélection dirigeait un de ses tests vers le traitement des piétons dans les rues, Ottawa regagnerait du terrain par rapport aux agglomérations québécoises, ça ne fait aucun doute. Ottawa est championne du piéton le plus respecté; le Marché By en est un exemple probant!
Un autre facteur qui pourrait être pris en compte pour comprendre le manque de civisme dans les grandes villes est très certainement notre dépendance à nos bidules technologiques. Sélection mène actuellement un sondage sur le sujet. D’autant plus que notre coffre à outils technologiques a pris de l’expansion ces dernières années. On se promène comme de vrais automates: le iPod aux oreilles, le Blackberry à la main, le laptop dans l’autre, et on s’enferme dans des bulles virtuelles qui nous coupent du monde entier! Bref, on se branche pour mieux se débrancher des autres! Et cela met un frein à nos réflexes les plus élémentaires de "civilité élégante"! Serait-on en train de vivre le déclin de l’empire courtois avec ces invasions technologiques?