Société

Pop culture : Maux de langue

J’ai mal à ma langue… À quelques jours d’intervalle, deux importantes compagnies ont livré – par erreur – sur notre territoire du matériel publicitaire soit dans un français douteux, soit dans un anglais impeccable. La première, Canadian Tire, envoyait récemment aux clients du Service auto une carte où apparaissait la phrase suivante: "Venez nous visite a Canadian Tire Shawinigan, pour prendre l’advange des offres spéciales". L’autre, c’est Fisher-Price qui a distribué des guides unilingues anglais aux portes de plusieurs foyers trifluviens. Déjà que je supportais mal que de grandes chaînes comme HomeSense ou Future Shop conservent leur bannière anglophone au Québec – Staples ne traduit-il pas pour Bureau en gros? -, là, je sens que des crocs me poussent soudainement.

Oui, j’ai envie de mordre! Car quand il est question de marketing ou de services à la population au Québec, il me semble que ce n’est pas "téteux" que de vouloir se faire répondre ou être approché en français. D’autant plus qu’il existe une loi à cet effet: la loi 101. Mais j’ai l’impression que, plus que son contenu, on en retient juste le numéro. Dommage, car la langue française est notre outil de communication, notre héritage…

DE PETITS DETAILS…

Quand des citoyens se plaignent à l’Office québécois de la langue française, ça me rassure. Je me dis qu’il y en a plusieurs qui gardent espoir et travaillent à la sauvegarde du français. Car, bien qu’on soit plusieurs millions à parler cette langue au Québec, je me demande si dans un siècle, ce nombre ne sera pas en chute libre. J’entendais récemment à la télé ou à la radio qu’un pourcentage plus élevé d’immigrants choisissaient finalement l’anglais comme langue d’accueil au Québec. Cela en inquiète plusieurs; à moyen ou long terme, cette situation pourrait placer les francophones en minorité. Et dans le cas où ça arriverait, je me questionne sur ce qu’il adviendrait de nos droits et de nos lois. Ils disparaîtraient sans doute…

C’est pourquoi il me paraît important qu’on exige des services en français; qu’on mène de petites batailles lorsque nécessaire; qu’on grogne un peu pour signaler que notre langue, on y tient, qu’elle n’est pas qu’un vulgaire bibelot. Si personne ne se plaint, on se fera "envahir" toujours un peu plus; le français perdra du terrain. Car qui ne dit mot consent. Chaque petit détail linguistique compte… Autrement, chaque entorse finit par faire partie de notre quotidien et on cesse de la voir. Jusqu’au jour où ce sera au tour du français d’être l’exception… Non, il n’y a jamais rien d’acquis.