Pop culture : Le coeur a ses raisons
Il n’y a pas que chez Ford que des idées font du chemin. À Shawinigan, une graine ne cesse de germer. Le concept J’aime Shawi, un projet tout simple à la base, prend des proportions incroyables. Même des connaissances de Montréal, dont les racines proviennent de la Ville de l’Énergie, m’en parlent. C’est peu dire…
Pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler du projet, J’aime Shawi est une initiative de Stéphane Daoust, un photographe qui carbure à l’énergie du Grand Shawinigan. Dès qu’il y a un événement quelconque – il en crée d’ailleurs lui-même – sur ce territoire, vous êtes quasi assurés de l’apercevoir parmi la foule avec sa caméra et son dossard à l’effigie du petit frère de "I love New York". Jusqu’à maintenant, plusieurs centaines de citoyens d’ici et d’ailleurs – "Il n’est pas nécessaire d’y demeurer pour aimer Shawi ", rappelle M. Daoust – ont posé avec le gros coeur rouge. Les gars de Misteur Valaire, Julie Boulet et même Jean Chrétien font partie du lot. Toutes les photos sont accessibles sur www.jaimeshawi.com.
Au départ, j’avais perçu ce concept comme un habile coup de marketing – ce qu’il est assurément. Mais avec le temps, je constate que J’aime Shawi se révèle beaucoup plus que ça: il répond à un réel besoin identitaire. On aurait dit que des centaines d’individus attendaient la naissance d’un tel projet pour sortir du placard, pour clamer haut et fort leur sentiment d’appartenance envers cette ville. C’est comme s’ils avaient enfin le droit de dire sans qu’on pouffe de rire que: "Oui, Shawinigan, avec son haut taux de pauvreté, ses projets qui traînent en longueur et ses nombreux locaux vides ne brille pas autant qu’on le voudrait, mais malgré tout, on en est fiers!"
Il est vrai qu’on véhicule surtout une image négative de Shawinigan, une ville où tous les rêves étaient permis il y a 100 ans. Justement, quand il explique son projet, Stéphane Daoust écrit: "J’aime Shawi naît à une époque où la critique est plus facile que de passer à l’action." Effectivement, on a souvent tendance à montrer du doigt, à soulever des problèmes sans tenter de leur trouver des solutions. Ainsi, le photographe a choisi de bouger et de mettre en lumière les initiatives constructives réalisées par les différentes communautés présentes sur le territoire. Voilà qui est tout à son honneur…
Personnellement, j’ai un grand attachement pour la ville élargie de Shawinigan. Quand j’étais petite, la 6e Avenue à Grand-Mère était bourrée de commerçants dynamiques qui s’entraidaient. On assistait au même phénomène sur la 5e Rue à Shawinigan. Aujourd’hui, quand je marche dans ces rues, je me demande parfois si tout ne s’en va pas à la dérive. Heureusement, quelques hommes d’affaires croient toujours au potentiel de cette ville. Et le concept J’aime Shawi souligne à sa façon que ces derniers n’ont pas tort: ils sont des milliers à aimer la belle ville de Shawinigan!