Mohsen El Gharbi : Un parfait étranger
Société

Mohsen El Gharbi : Un parfait étranger

J’ai croisé le regard d’une fille dans le métro. Elle était belle. Je m’approche d’elle pour l’embrasser. D’un geste, elle me repousse.

– Enfin, monsieur! Vous ne voyez pas que je suis voilée? Je suis musulmane. Il faut que nous soyons mariés pour cela!

Le temps de réfléchir à sa proposition, elle était déjà partie.

Le lendemain, je tombe nez à nez avec une superbe femme (c’est le seul

avantage du métro aux heures de pointe). Cette fois-ci, je n’hésite pas. Je lui demande sa main. Elle me répond:

– On ne s’est même pas embrassés. Et puis, votre façon de faire, ce n’est pas très catholique, Monsieur!

Désespéré, j’appelle une "ligne rose". C’est une jolie fille qui me répond. Enfin, j’imagine… C’est ce que l’annonce prétend. Je lui dis que j’ai envie d’elle. Elle aussi, m’assure-t-elle. Je lui demande son adresse pour aller l’embrasser. Elle me rétorque:

– Je n’embrasse qu’au téléphone.

– Mais de quelle religion êtes-vous?

– Visa, MasterCard ou American Express.

Je tourne dans mon lit. Je commence à être inquiet. Je m’y prends mal avec les filles. Ça vient certainement du fait que je suis étranger. Après tout, ça fait seulement 15 ans que je suis ici.

Je n’en peux plus. Je sors en ville. Je me promène pour me changer les idées. Je croise un groupe de filles costumées comme pour un carnaval. Elles s’amusent comme des folles. L’une d’elles, encouragée par les autres, me saute dessus et m’embrasse. Mais que se passe-t-il?

– C’est son enterrement de jeune fille. Elle se marie demain, me lance-t-on avec amusement.

– Quoi, avec moi? Un parfait étranger?