Nedjim Bouizzoul : L'immigration à son questionnement
Société

Nedjim Bouizzoul : L’immigration à son questionnement

Nous tentons de trouver des solutions pour vivre en société avec les diverses cultures, et les enjeux sont grands. Comment trouver une entente sur des histoires comme celle-ci? À Montréal, durant la commission Bouchard-Taylor, un Autochtone se lève et prend la parole: "Dans ma job au Vieux-Port, le port du casque est obligatoire, car c’est très dangereux comme métier. Tous se plient à la règle à part un hindou qui porte le turban, car c’est dans sa tradition. Un beau jour je décide d’aller à ma job avec des plumes sur la tête. Le boss me demande pourquoi, et je réponds que c’est pour vivre comme mes ancêtres."

Je me suis installé au Québec en me disant qu’il était de mon devoir de m’adapter aux coutumes du pays qui me reçoit. L’immigration au Québec est récente, comparée à celle de l’Europe par exemple. Ici, nous en sommes encore à une étape tout à fait normale: le questionnement.

L’art a toujours contribué de très près à l’évolution d’un peuple. En tant qu’auteur-compositeur-interprète du groupe Labess, qui est composé de musiciens de différentes origines (Bulgarie, France, Italie, Algérie et Québec), j’ai l’occasion de chanter sur des sujets tels que la terre natale, l’exil et l’intégration en terre d’adoption. À notre manière, nous avons la possibilité de faire découvrir d’autres cultures par le biais de la musique du monde, devant un large public, de Chicoutimi à Gatineau, en passant par Charlevoix.

Mon point de vue sur la situation actuelle est très optimiste: je crois que le Québec est apte à vivre en harmonie, mais c’est un long processus qui demandera de la tolérance et de l’ouverture d’esprit. Je suis au Québec depuis à peine quatre ans et je débarque de mon Algérie natale. Pour moi, le Québec reste encore une terre d’adoption où je me sens le bienvenu. J’ai envie de dire aux Québécois de souche que, pour la plupart, ce sont des gens généreux et sympathiques et qu’il ne faut pas se sentir mal à l’aise par rapport à la situation. En fait, le racisme n’est qu’une forme d’ignorance. Avec tout ce qu’on a comme espace et surtout comme bagage, il y a moyen de vivre dans la paix, la joie et l’harmonie pour des générations!