Tania Kontoyanni : La voie du partage et de la réflexion
Société

Tania Kontoyanni : La voie du partage et de la réflexion

Mon nom et mon visage vous renvoient tous les jours mes origines étrangères et souvent vous oubliez que je suis, jusque dans mes tripes, une Québécoise.

J’ai eu la chance de naître dans un Québec au bord de la révolution tranquille, alors qu’au même moment une cruelle dictature éclatait au pays de mes parents. À peine venue au monde, ma patrie m’enseignait que les bains de sang ne sont pas nécessaires au changement. Ici, on allait faire les choses autrement.

J’ai grandi en ayant le privilège et le droit de m’éduquer, de me tromper, de changer de voie, de célébrer la culture de mes parents, de devenir ce que je souhaitais…

La société québécoise a fait de moi une femme libre de ses choix et je me battrai toujours pour qu’elle le soit aussi.

Le Québec est un de ces foyers, à travers le monde, d’où pourrait émerger une nouvelle mentalité, inspirante pour l’avenir et porteuse d’espoir pour ceux qui croient qu’il est possible de vivre en harmonie.

La commission Bouchard-Taylor est un effet direct de revendications très limitées en nombre et marginales, signe que la nation québécoise désire participer activement à l’élaboration de son avenir et de sa définition sociale et culturelle. Au-delà des préoccupations économiques, nous sommes en train de nous attacher, comme peuple, au capital humain.

Dans un monde déchiré par les conflits culturels et religieux, les citoyens du Québec moderne avancent sur la voie la plus humaine et la plus pacifique: celle du partage et de la réflexion, en toute transparence. À elle seule, cette démarche populaire prouve que les Québécois, nous méritons d’avoir plein pouvoir en matière d’intégration sociale et culturelle, chez nous, sur notre territoire.

On ne doit pas se presser de tirer des conclusions, c’est un questionnement de fond, qui ne se résout pas en quelques semaines. Lorsque, dans quelques mois, le sujet ne sera plus assez sexy pour les médias, nous, nous devrons pousser la réflexion encore plus loin. C’est notre devoir.

Puissions-nous un jour être un exemple pour tout le monde cosmopolite.