Nancy Bernier : Impressions d’ici
Nancy Bernier, directrice artistique de 400 ans chrono, nous parle de ce parcours interactif, par lequel on pourra s’imprégner de l’histoire de Québec. Mémoire affective.
Avec sa douzaine de lieux mis en scène, 400 ans chrono prendra des allures d’immense musée en plein air, alors que les participants pourront y déambuler à leur rythme, au gré des animations et des projections continues. "J’aime les parcours", lance Nancy Bernier, qui nous a déjà donné La Maison des frissons à Expo Québec. "En me promenant, je me suis rendu compte que, quand on part de la porte Saint-Louis et qu’on se met à faire toutes les fortifications, c’est un parcours en soi. C’est magnifique, tu vois du côté du Hilton, mais aussi, le Château Frontenac, le fleuve et toute la banlieue. Après, je me suis inspirée des lieux; chacun me faisait penser à un thème: les Amérindiens, la famille, le marché public, la poésie, les combats, le génie québécois, les visiteurs, la religion, les sports, les incendies, la fête… Et, pour chacun, j’ai ramassé 400 ans d’histoire. Là, c’est devenu des petites bulles artistiques plutôt qu’historiques. Ça va quand même être rempli d’information et d’images d’archives, mais ce n’est pas un cours d’histoire, loin de là. L’idée est de se souvenir de tout ce qui s’est fait avant, mais d’une façon artistique, ludique et pour le plaisir. Les gens ne vont pas acquérir des connaissances factuelles, mais recevoir quelque chose d’émotif par rapport à notre ville."
On aura compris qu’il s’agit d’une entreprise d’envergure et que la directrice artistique ne pouvait tout faire seule. Ainsi s’est-elle entourée de gens de confiance, à qui elle a délégué une partie du travail, notamment Marie-Soleil Dion, Guy Sioui Durand, Gabor inc., Orbite Gauche, Marilyn Laflamme, Bergeron Gagnon inc. et Gestev. "C’est de l’art pyramidal, résume-t-elle. Mais c’est moi qui approuve à peu près tout pour qu’il y ait une cohérence artistique, dans les matériaux, les couleurs, la musique… Ma ligne, c’était qu’il fallait que ce soit beau et touchant. Les gens vont être surpris parce que ça ne ressemble à rien de ce qu’on voit d’habitude dans les fêtes populaires extérieures. Aussi, il y a une unité, mais chaque bulle est unique, reflète une émotion différente. Tu passes vraiment d’un univers à l’autre." Parmi ces nombreuses stations, tantôt spectaculaires, familiales ou festives, tantôt intimistes, saisissantes ou amusantes, sa préférence va à celle de la porte Kent. "On a fait une recherche et on a réuni ce que 54 personnages historiques ont dit sur notre ville. Et ce ne sont pas que des belles choses… Mais c’est tellement l’fun de voir toutes les perceptions, la vision que les gens ont de nous, de Québec depuis 400 ans." Somme toute, elle croit que tous devraient y trouver leur compte. "C’est un mélange de théâtralité, de muséologie, d’histoire et de beauté, tout ça pour rendre hommage à la ville que j’aime le plus au monde, la mienne!" s’exclame-t-elle.
PLACE DE CHOIX
À ce propos, elle poursuit: "Cette ville, je l’ai choisie. J’aurais pu partir, comme bien d’autres, mais non. Alors je me disais: "Je veux être là, je veux faire partie de cette fête, je veux créer quelque chose pour ma ville et pour les gens. J’ai envie de voir ce monde-là faire le parcours et triper."" Quant aux raisons qui la poussent à rester, elle ajoute: "C’est que Québec nous permet une grande liberté sur le plan de la création. Les artistes qui vivent ici sont des créateurs; on joue et on a nos compagnies. On veut créer et on sent qu’il n’y a pas de meilleure place pour le faire. Comme on n’est pas des carriéristes, il n’y a pas d’ego. Quand on arrive sur la scène, on se fond dans la masse pour servir le spectacle. Et l’important, c’est d’être heureux dans ce qu’on fait. À Québec, je trouve qu’on est comme ça. Mais il y a un revers à cette médaille, c’est que, des fois, on n’est pas connus et, donc, on n’a pas la reconnaissance. Quand tu vis de ton art et que tu te rends compte que bien du monde ne sait pas ce qui se fait ici, c’est plus difficile…" Sans compter que certains préjugés demeurent. "Ça existe partout sur la planète des gens comme nous, qui ont vraiment fait le choix de rester dans la petite ville à côté de la grosse. Il faut savoir qui on est et non jouer une game dont on n’a pas envie. C’est ce qui fait que des Jacques Leblanc, Lorraine Côté et Jack Robitaille se retrouvent à Québec. Ils auraient pu avoir des carrières extraordinaires à Montréal, mais ça ne leur tentait pas. Le hic, c’est les gens ne croient pas ça. Dans leur tête, si tu es ici, c’est que tu n’étais pas tout à fait assez bon pour aller dans la grande ville." Un vieux complexe qui ne touche pas que le domaine théâtral… Et dont il serait bienvenu de se défaire, non? À ajouter à nos résolutions 2008, peut-être…
Les 5 et 6 janvier de 16h à 21h
Dans le Vieux-Québec
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