Simon Brault : Construire la « Marque Montréal »
Société

Simon Brault : Construire la « Marque Montréal »

Un grand plan d’action ayant pour objectif de faire de Montréal une grande métropole culturelle du 21e siècle vient d’être rendu public. Entrevue avec l’un des principaux maîtres d’oeuvre de cette feuille de route futuriste, Simon Brault.

Voir: Dans la conclusion du plan d’action élaboré par les participants au Rendez-vous Montréal, métropole culturelle, vous préconisez de forger une "marque Montréal", qui sera composée d’un certain nombre de "produits culturels". De prime abord, cette notion paraît pompeuse et chimérique. Quels sont les "produits culturels" qui feront partie de cette "marque Montréal"?

Simon Brault: "La faiblesse de ce plan d’action, qui a été discuté, négocié et avalisé par les gouvernements, les principaux acteurs de la culture à Montréal et la société civile, c’est qu’il y a des choses qui n’ont pas été développées comme un certain nombre de participants à ce grand Rendez-vous de la culture montréalaise l’auraient souhaité. Vous avez raison, "marque Montréal", ce n’est pas une terminologie qu’on utilise dans le milieu de la culture. J’aurais préféré qu’on emploie l’expression "positionnement Montréal". Notre but était de trouver un terme susceptible de refléter avec force l’identité culturelle de Montréal, pour que celle-ci soit facilement reconnaissable par les Montréalais et les Montréalaises. Par contre, la force de ce plan d’action, c’est qu’il y a un fort consensus. Les quelque 1300 personnes présentes à cette rencontre, représentant le monde culturel, le milieu des affaires et les différents paliers de gouvernement, se sont toutes entendues pour mettre en oeuvre ce plan. Depuis la tenue de cet événement, des annonces et des projets déboulent en cascade."

Quels sont les principaux objectifs de votre plan d’action?

"Ce plan d’action sera élaboré en fonction de trois orientations stratégiques: 1) la démocratisation de l’accès à la culture; 2) l’investissement dans les arts et la culture; 3) la qualité culturelle du cadre de vie. Ainsi que deux orientations additionnelles, également indispensables à la mise en oeuvre de ce plan: 4) le rayonnement culturel de Montréal et 5) les moyens d’une métropole culturelle."

Est-ce qu’il y a des projets et des engagements concrets qui ont déjà été mis en branle?

"Les investissements dans les infrastructures et le réaménagement de bâtiments, c’est quelque chose qui est très tangible, beaucoup plus facilement réalisable. Les taux d’intérêt étant plutôt bas, on peut convaincre plus facilement les différents paliers de gouvernement d’investir dans les immobilisations. Il s’agit de projets très concrets, plusieurs sont déjà en cours de réalisation: le réaménagement du Quartier des spectacles, la construction de la Place des festivals, la construction de la Maison du jazz… Ce sont des investissements de plusieurs centaines de millions de dollars. C’est la partie visible des choses. Ce qui est plus difficile, ce sont des chantiers qui sont constamment à recommencer, comme la démocratisation de l’accès à la culture."

Ce plan d’action sera-t-il bénéfique pour les artistes et les créateurs culturels montréalais?

"Je pense que la situation est en train de changer, certainement pour les artistes de la relève et ceux qu’on appelle les artistes de la diversité – des immigrants récents et des membres issus des communautés culturelles. Jusqu’ici, il n’y avait pas de programmes pour ces derniers et suffisamment d’ouverture dans le système. Depuis le grand Rendez-vous du Montréal culturel de la mi-novembre 2007, les choses ont commencé à changer. Des programmes ont été créés par des conseils des arts pour les artistes de la relève et de la diversité. Désormais, c’est une priorité importante. C’est la première fois que ça arrive dans les annales de la culture à Montréal. Ces programmes visent aussi à améliorer les conditions de vie des artistes qui travaillent dans les lieux culturels en voie d’être rénovés: le Théâtre de Quat’Sous, le Théâtre Denise-Pelletier, le site de l’école de danse moderne… Ces artistes vont travailler dans des conditions concrètes bien meilleures. Et le développement du Quartier des spectacles va faire en sorte que l’économie de la culture à Montréal sera appelée à connaître une accélération. Nous devons nous assurer que les premiers bénéficiaires de ce regain de l’économie de la culture dans la Métropole soient les artistes et les citoyens montréalais."