Jean-Robert Bisaillon : Musique 3.0
Société

Jean-Robert Bisaillon : Musique 3.0

Comprendre l’inévitable révolution numérique pour mieux la contrôler. Voilà ce que propose Jean-Robert Bisaillon dans un ouvrage d’une centaine de pages.

Publié par la SPACQ (Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec), Le Petit Guide Internet pour les auteurs et compositeurs de Jean-Robert Bisaillon dresse l’historique de la révolution numérique musicale, mais lance aussi quelques critiques à l’industrie québécoise qui met encore du temps à s’adapter aux nouveaux modes de diffusion qu’offre Internet. Disponible en ligne (en librairie d’ici quelques semaines), l’oeuvre annonce non seulement la mort du disque compact, mais aussi celle de l’album en tant que concept. En accord complet avec la philosophie DIY (do it yourself, ou fais-le toi-même), l’auteur précise comment l’artiste doit s’approprier les outils Web afin de propager sa musique via différentes plateformes de téléchargement légal. Après tout, quoi de mieux qu’une offre légale, étoffée et accessible pour contrer le piratage?

Musicien (Red Shift, Disappointed a Few People, French B), chroniqueur, éditeur, fondateur de la SOPREF et grand observateur de la planète musique, Jean-Robert cherche à brasser la cage avec son bouquin. "Le livre a pour but d’amener le débat sur la place publique, de donner des pistes de réflexion. C’est encore tabou de parler de MP3 libres de droits. Le problème est extrêmement complexe et tous les acteurs de l’industrie et les gouvernements doivent collaborer ensemble pour le régler."

Preuve d’un retard majeur en matière de nouvelles technologies, la dernière fois que des artistes québécois ont publiquement pris position remonte à 2003, lors d’une campagne anti-piratage orchestrée par Quebecor (qui possède l’étiquette Musicor, la chaîne de magasins Archambault et le distributeur Select). "Je crois que c’était un cri de panique à moitié vrai. Les maisons de disques se retrouvaient effectivement devant une situation qu’elles ne contrôlaient pas, mais ce cri d’alarme leur permettait aussi de gagner du temps. À quoi bon vouloir maîtriser une nouvelle réalité quand l’ancien mode d’accès à la musique leur permet encore d’assurer leurs revenus?"

C’est vrai qu’à l’époque, il n’y avait pas d’offre légale bien établie (comme iTunes, eMusic, Bluetracks, Zik), mais il reste que la campagne a eu pour effet secondaire de démoniser le format libre de droits MP3. "Aujourd’hui, même le rapport Olivennes (commandé par le président français Nicolas Sarkozy afin de contrer le téléchargement sauvage) conseille à l’industrie de basculer vers ce format non protégé. Cette avenue était considérée complètement farfelue il y a quatre ou cinq ans."

Ainsi, l’artiste doit apprendre à utiliser les fichiers MP3 et à bien les diffuser sur la Toile. "Les nouvelles technologies permettent une multitude d’approches en matière de mise en marché de la musique. Le consommateur, les artistes et les labels devront choisir quelles avenues emprunter. L’époque où la seule manière d’acheter de la musique était de se rendre chez le disquaire est révolue. C’est un changement important de mentalité. Il faut comprendre que le disque compact est mort. Enregistrer un "album", c’est se limiter à la durée de stockage d’un support désuet. La numérisation permet un nouveau champ de création. Aux musiciens de se l’approprier."

C’est ce qu’a fait Nine Inch Nails en lançant Ghosts I – IV (36 pièces instrumentales) sur Internet il y a quelques jours. À quand les comptines expérimentales pour enfants disponibles au danielbelanger.com?

Le Petit Guide Internet pour les auteurs et compositeurs
de Jean-Robert Bisaillon
(SPACQ)
En vente au www.spacq.qc.ca