Jérôme Minière : Jérôme Minière: Maître dompteur
Société

Jérôme Minière : Jérôme Minière: Maître dompteur

Jérôme Minière est le porte-parole du Radiothon de la station de radio CKRL 89,1 et présentera une nouvelle mouture de son spectacle à l’occasion de cette campagne de financement. La station de radio communautaire, qui souligne aussi son 35e anniversaire, se lance dans ce marathon radiophonique du 4 au 6 avril.

Quelles sont vos obsessions du moment?

"C’est la Bible. Attention, ce n’est pas vraiment la Bible. C’est une version adaptée pour les gens qui ne sont pas baptisés, comme moi. La Bible est présentée comme un film ou un roman. D’une façon ou d’une autre, nous baignons tous dans cette culture et moi, je n’y connaissais rien. Ça me permet de rattraper le temps perdu et de comprendre deux ou trois trucs. Un de mes auteurs favoris, c’est Bob Dylan, et il utilise souvent des images bibliques. J’étais un peu largué de ce côté-là. Mais, je me suis pas converti et je suis toujours pas baptisé."

Qu’est-ce qui vous distingue des autres?

"Je suis pas très grand et j’ai un grand nez. Je suis assez timide et j’ai un accent qui ne ressemble à rien. Ni français ni québécois. C’est moitié-moitié. Quoi d’autre? J’ai eu longtemps peur des gros chiens, mais maintenant ça va mieux."

Jugez-vous votre sort enviable?

"Oui, je me plains pas. Je fais un métier que j’aime et c’est ma passion. Je trouve que c’est un grand luxe. Parfois, j’ai des petites inquiétudes. Je sais pas trop où s’en va ce métier avec cette industrie qui se transforme."

Pourquoi vivez-vous là où vous vivez?

"Par amour! J’ai deux enfants et je suis maintenant totalement enraciné ici."

Nommez trois artistes que vous aimez.

"Tout à l’heure, nous parlions de Bob Dylan. Hier, j’ai fait une découverte géniale! Ça s’appelle Management ou MGND. Un jeune groupe de Brooklyn qui n’a rien à voir avec Bob Dylan. Et puis Tom Waits. C’est un classique pour moi."

Que dirait votre épitaphe?

"Oh! Comme je te disais tout à l’heure: Il n’était pas très grand, il avait un grand nez. Il essayait d’écrire des poèmes…"

Qu’est-ce qui vous fait encore peur?

"Il y a plein de trucs qui me font peur. Je suis un grand anxieux. Je tente de dompter mes peurs. Elles existent toujours mais, comment dire, je prends un fouet et je les éloigne."

Qu’est-ce qui vous met en colère?

"La violence gratuite et l’indifférence. Il n’y a pas très longtemps, j’ai vu un film qui traitait du Rwanda. En 1993, je suivais ça dans les journaux, comme tout le monde, sans ressentir ce qui se passait vraiment. Ça m’a sidéré! C’est pas comme si nous parlions de l’Holocauste ou d’un fait historique qui remonte à 1945. À cette époque, j’étais vivant, et j’ai été déçu de voir que je n’ai pas réagi plus que ça."

Où étiez-vous il y a 10 ans?

"J’étais entre Montréal et Paris. Je venais de terminer un album qui n’était pas encore sorti et qui s’appelle La nuit éclaire le jour qui suit. J’avais des pantalons rouges et j’avais aussi un grand nez!"

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire?

"Ça tombe bien, c’est bientôt! Dans la rue près de chez moi, il y a une boutique médiévale et je n’y étais jamais allé. Par hasard, je suis entré et j’ai vu qu’ils vendaient un luth. Ce serait chouette."

Même pour un million, je ne…?

"Je ne ferais pas quelque chose contre ma conscience. C’est vague, parce que ça dépend de ma conscience. Disons qu’on tient pour acquis que j’ai une bonne conscience."

Qu’aimeriez-vous oser faire?

"C’est une bonne question, ça! J’aimerais continuer à donner des coups de fouet à mes peurs, m’amuser plus dans ce que je fais et écouter les autres."

Le 5 avril à 21h
Au Cercle
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