Le Monde selon Lula : Pour des lendemains qui chantent
Société

Le Monde selon Lula : Pour des lendemains qui chantent

Le Monde selon Lula, de German Gutierrez, accompagne le président brésilien dans sa croisade contre la pauvreté et l’injustice. Parcours fléché.

Heureux qui, comme German Gutierrez, a beaucoup voyagé. Pour sa plus récente réalisation, le cinéaste d’origine colombienne a parcouru la planète dans le sillage de Luis Inacio Lula da Silva, assistant aux nombreux rendez-vous diplomatiques internationaux du président brésilien sur une période de trois ans. "On a suivi plusieurs grands sommets, confie le réalisateur de Qui a tiré sur mon frère? On s’est rendus en Haïti, à New York, Brasilia, Sao Paolo, Paris, Buenos Aires… Les gens disent: "Vous avez beaucoup d’archives." Excusez-nous, mais non. Les images qu’on voit, on est allés les chercher."

Essentiellement intéressé par les entreprises du Brésil sur la scène internationale, Le Monde selon Lula posait un défi visuel intéressant. "C’est très difficile de faire un film sur la politique étrangère d’un pays, confie German Gutierrez. C’est comme faire un article sur un peintre minimaliste dont l’oeuvre est un point noir au centre d’un tableau blanc. Qu’est-ce que je dis là-dessus? Que le point n’est pas assez centré, que le noir n’est pas assez noir? Bon, dans notre cas, qu’est-ce qu’on allait montrer? Des poignées de main et des séances photo? Heureusement, on a eu un accès au président privilégié."

Son laissez-passer de luxe, Gutierrez le doit à Monique Simard, proche de Lula. C’est d’ailleurs la productrice qui, avec la coscénariste Nancy Marcotte, a eu l’idée du documentaire. "Monique m’a dit: "J’ai accès à mon ami Lula, proposons un projet." On est allés voir Radio-Canada et ça a marché, se rappelle le cinéaste. Au début, c’était une trilogie. La France allait faire la réforme agraire. Je pense que le Brésil allait faire les villes. Et nous, la politique internationale. Nous sommes les seuls à avoir fait aboutir notre projet."

LULA, L’HOMME

German Gutierrez ne tarit pas d’éloges à l’endroit du président. Il se dit particulièrement fasciné par l’intelligence de l’homme: "Lula est extrêmement brillant. Cette intelligence, alliée à une grande humilité et à une grande simplicité, suscite l’admiration de tous. Il a un parcours qui est hors du commun. Il a appris à lire et à écrire très tard. C’était un simple ouvrier. Il est devenu président de son syndicat, qui comptait 450 000 membres, alors qu’il avait à peine 30 ans." Gutierrez ajoute que Lula est resté simple et honnête, et qu’"il n’a pas la langue de bois des politiciens français ou américains. On a le goût de le suivre, et de croire en lui."

Le film met en lumière ses talents de rassembleur, notamment sur le front continental. Lula saura-t-il unifier l’Amérique du Sud? German Gutierrez le croit. "Il fallait un leader avec une vision sud-américaine. Je pense que le Brésil possède le pouvoir politique et le pouvoir économique nécessaire. Le marché économique européen a mis 50 ans à se faire, et encore, le Danemark et l’Angleterre ne veulent toujours pas y entrer. Il faut être patient, mais l’Amérique du Sud ne peut pas se permettre d’attendre aussi longtemps. Elle sera saignée à l’os bien avant."

Du 9 au 15 mai à Ex-Centris