Global Metal : Métal mondial
Société

Global Metal : Métal mondial

Le documentaire Global Metal, de Scot McFadyen et Sam Dunn, nous fait réaliser que la musique heavy métal est bel et bien un phénomène mondial.

Les deux réalisateurs canadiens Scot McFadyen et Sam Dunn se sont fait connaître il y a quelques années avec le documentaire Metal: A Headbanger’s Journey. Le film a obtenu un bon succès et fut largement diffusé à travers le monde, récoltant hommages et félicitations autant de la part de la presse spécialisée que des fans de heavy métal de partout sur la planète. "Nous avons reçu énormément de courriels d’amateurs de métal provenant d’endroits où jamais on n’aurait pensé que des gens pouvaient connaître, écouter et surtout jouer ce genre de musique, relate le réalisateur et producteur Scot McFadyen. Ils nous parlaient de la scène métal dans leur coin de pays et ça nous a vraiment étonnés, Sam et moi, au point où on a carrément décidé de faire un autre documentaire sur le métal, mais cette fois-ci en donnant la parole à ces fans du bout du monde."

En peu de temps, Scot McFadyen et Sam Dunn, qui possède une maîtrise en anthropologie sociale, ont récolté assez d’argent pour financer leur nouveau projet. "Ça n’a pas été trop difficile de trouver du financement pour le film, précise Scot, mais ce fut par contre pas mal plus compliqué de déterminer où nous allions filmer. Il y a du métal partout, sauf en Afrique. Hormis l’Afrique du Sud, il n’y a pas vraiment de métal sur ce continent. En fait, nous avons établi une liste d’une trentaine de pays potentiels et nous l’avons ensuite réduite en cherchant toujours les contrastes, tant sur le plan géographique que culturel, social ou religieux. Puis nous avons dû passer à travers plus de 350 heures de pellicule…"

Ces endroits, ce sont des lieux aussi différents que l’Inde, la Chine, Israël, Dubaï, l’Indonésie, le Brésil et le Japon. Bien qu’il ne soit pas surprenant de retrouver des fans de métal dans ces deux derniers pays, c’est tout le contraire pour les autres. Mais, à part au Japon, on remarque que la musique heavy métal est bien plus qu’un simple divertissement pour ces fans.

En effet: si, en Occident, le genre métal est plus caricatural que réellement menaçant, il en va tout autrement dans les pays que les deux réalisateurs ont visités. Dans ces contrées où règnent souvent le chaos et la terreur, où la liberté d’expression est bafouée, où la grande majorité de la population vit dans la pauvreté et la misère, le métal devient une source de défoulement, une forme de lutte, un cri de liberté, une réaction sociopolitique violente face à une réalité qui l’est tout autant. Oui, le punk est une musique encore plus vindicative et violente, mais bien davantage sur le plan des paroles et, surtout, le punk rejoint beaucoup moins de monde que le heavy métal. Quand des dizaines de milliers de personnes se déplacent pour un concert de Metallica en Indonésie ou d’Iron Maiden au Brésil, on ne parle plus d’un événement isolé mais bien d’un véritable phénomène de masse. Reste que ce phénomène demeure tout de même largement marginal et anecdotique dans des endroits comme l’Inde, Dubaï, l’Iran ou la Chine, et il touche en général des gens provenant d’un milieu plus aisé, des jeunes qui peuvent se payer des instruments, des ordinateurs… "Dans les régions très pauvres, où les gens utilisent toute leur énergie à seulement trouver quelque chose à manger, ils n’ont ni le temps ni les moyens de s’intéresser au métal, souligne Scot McFadyen. Ça prend un minimum de moyens, en effet. Malgré ses origines ouvrières, le métal est une musique qui touche davantage la classe moyenne partout dans le monde, mais c’est véritablement un phénomène mondial."