Gaston Marcotte : Mon côté de la médaille
Une opinion. Exprimée sans demi-mesure, sans contrepoids. Un seul côté de la médaille, quoi. Vous êtes d’accord ou pas? Réagissez.
POUR UNE ÉTHIQUE SANS RELIGION
C’est fait. Le cours Éthique et culture religieuse est donné au primaire. Non sans controverse, cela dit… A-t-on fait le bon choix? Ou, socialement, vient-on plutôt de faire un pas en arrière, ruinant ainsi l’occasion de changer réellement les choses?
"On a déconfessionnalisé l’école, alors pourquoi est-ce qu’on y enseigne encore le divin?" se demande le président du Mouvement Humanisation, Gaston Marcotte. Selon lui, la religion, dont on avait annoncé avec fracas la sortie de l’école primaire, serait plutôt en train de revenir, subrepticement, par la porte d’en arrière, par la faute des lobbys religieux. Un retour qui comporte son lot de problèmes. C’est qu’on ne devrait pas mélanger ces deux concepts… "Intégrer l’éthique et la culture religieuse dans un même cours, c’est encore laisser sous-entendre que la morale est constitutive de la religion et qu’on ne peut pas être moral si on n’est pas croyant."
L’objectif? Éviter un mélange des genres. Si l’on se fie aux documents du Mouvement Humanisation, l’éthique est "fondée sur la vie humaine vécue ici et maintenant sur la Terre", contrairement à la religion, dont les fondements sont à la fois émotions et croyances, liées à "l’existence d’un monde surnaturel". En alliant l’un et l’autre, on appelle à la confusion. "Et après, on se surprend que les jeunes ne sachent plus sur quel pied danser", lance M. Marcotte.
Donc: enseigner l’éthique, oui. Mais la théorie religieuse devrait être intégrée beaucoup plus tard dans le cheminement de l’élève. En fait, Gaston Marcotte propose la fin du secondaire. Pourquoi? "C’est à ce moment que les étudiants commencent à développer leur conscience réflective et critique", indique le professeur associé au Département d’éducation physique de l’Université Laval. Jusque-là, l’éthique devrait être mise en avant. On laisserait à l’enfant le temps de distinguer croyances et réalité. Bref: on éviterait ce qu’il décrit comme les "vérités absolues" énoncées par les religions.
UNE ÉTHIQUE NATURELLE
L’éthique enseignée au primaire devrait relever du spectre naturel plutôt que du religieux. Le professeur la décrit comme "fondée sur les exigences du développement et le bon fonctionnement de leur être dans ses rapports avec la réalité, la vie, eux-mêmes, autrui, la société, l’humanité et l’environnement". Des principes liés à la nature humaine. "Et ceux-ci uniraient dans un projet commun les membres d’une société, les aidant à transcender leurs différences culturelles", ajoute M. Marcotte.
À travers cela, il s’agit également de changer de perspective. Selon le professeur, l’enfant n’appartient ni à ses parents, ni à l’État, ni à la religion, ni encore à l’entreprise. Il s’appartient à lui-même. Alors qu’actuellement le système éducatif, utilitariste, forme des travailleurs, il devrait plutôt s’appliquer à former des humains. Et permettre à l’enfant d’atteindre son plein potentiel. "Avec l’enfant, explique Gaston Marcotte, on a un cerveau vierge. On peut lui donner ce qu’on a de meilleur, cela à condition qu’on soit suffisamment humble pour corriger les erreurs qu’on s’est mises dans la tête."