Paul Villeneuve : Mon côté de la médaille
Société

Paul Villeneuve : Mon côté de la médaille

Une opinion. Exprimée sans demi-mesure, sans contrepoids. Un seul côté de la médaille, quoi. Vous êtes d’accord ou pas? Réagissez.

QUÉBEC, VILLE OLYMPIQUE

Au début des années 1990, le Centre de recherche en aménagement et développement de l’Université Laval avait réalisé une étude sur les répercussions économiques possibles des Jeux olympiques 2002 à Québec. Paul Villeneuve, maintenant professeur émérite, était l’un des chercheurs responsables de cette étude.

Les Jeux olympiques à Québec, pour 2022, c’est une bonne idée?

"Quand on avait décidé de faire l’étude, au début des années 1990, on se disait que les JO n’étaient pas nécessairement un événement qui aurait des retombées très fortes dans la région. On a travaillé à faire les analyses. Plus on avançait, plus on changeait d’idée. À la fin, on s’est rendu compte que c’était une bonne chose pour la région."

Pourquoi?

"On se dit souvent qu’au lieu d’investir dans les JO, on devrait investir dans des hôpitaux, dans l’éducation. Que ces événements risquent de faire un déficit qui devra être renfloué par des fonds publics. On n’a qu’à penser à Montréal et au Stade olympique… Ces arguments dépendent de la qualité de la gestion du projet. Il est possible de faire en sorte qu’il n’y ait pas de déficit. Après le 400e, on commence à avoir une certaine expertise dans le domaine. Peut-être sommes-nous dans une meilleure position pour 2022 que pour 2002. Quant à l’argument social: si on tient des Olympiques, on risque d’avoir un retour sur notre investissement. Ce sont des événements multiplicateurs d’argent."

Et Québec est capable d’assumer le déploiement logistique des JO?

"C’est difficile à dire de façon catégorique. Depuis les années 1990, les modes de financement ont changé. En tant que région métropolitaine, on est certainement capable de faire des choses. Cela dit, un problème évident, c’est la hauteur des montagnes. Elles ne sont pas assez hautes pour certaines compétitions de ski. Ça avait été un frein pour 2002. Il faut voir comment le milieu olympique percevra ça."

Les retombées seront régionales?

"Dans l’étude, on avait remarqué que Sainte-Foy aurait bénéficié autant que Québec des retombées, par exemple quant aux infrastructures. Les retombées ne touchent pas seulement une partie de la région."

Pour le projet actuel, d’autres éléments à garder en tête?

"À brûle-pourpoint, je dirais que ce qu’on doit avoir en tête, c’est qu’il faut que la population voie ça comme un projet intéressant. Ça peut être déterminant. À l’époque, une des raisons de l’échec de Québec, c’est qu’il n’y avait pas unanimité. Il faut que tout le monde tire dans la même direction. La région de Québec n’est pas aussi riche que Vancouver ou Calgary, mais s’il y a solidarité, on peut compenser."

La région a aussi ses atouts…

"Notamment le fait que Québec est une destination touristique importante. On a des infrastructures hôtelières. On a des congrès, des grands événements. Pourquoi pas les Olympiques?"

Donc, on dit aux instigateurs du projet d’aller de l’avant?

"Je serais plutôt de cet avis. Mais il faut qu’il y ait des débats dans la région, qu’on se donne le temps de bien évaluer les choses."