D'une seule voix : L'harmonie avant la paix
Société

D’une seule voix : L’harmonie avant la paix

Le documentaire D’une seule voix de Xavier de Lausanne suit un groupe d’une centaine de musiciens juifs et palestiniens lors d’une tournée commune en France.

Est-il possible de venir à bout de deux solitudes, lorsqu’un mur sépare deux communautés, lorsque les canons tonnent? En voyant le petit miracle de cette tournée arabo-juive, on se prend à rêver que, malgré les embrasements à répétition dans la région, le dialogue entre gens de bonne volonté est encore possible.

C’est l’histoire du rêve fou de Jean-Yves Labat de Rossi, ancien rockeur devenu producteur, et un homme habité par assez d’optimisme et de volonté pour rassembler sur la même scène des Juifs et des Arabes israéliens, des musulmans et des chrétiens palestiniens ou arméniens. Tous habitent en Israël, dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie. Chez eux, tout les sépare.

Le réalisateur Xavier de Lauzanne a suivi le cheminement de la troupe en Israël, puis en France. "C’est un projet qui me tenait à coeur; je l’ai réalisé sans subvention, à compte d’auteur, raconte-t-il. Comme j’étais seul avec ma caméra, j’ai été très vite intégré dans le groupe."

Parce qu’il a su se faire tout petit, Lauzanne a réussi à filmer certains des moments les plus forts de la tournée: des moments de doute, de confrontation naissante qui auraient pu faire capoter le projet. "On s’est vite rendu compte de la sensibilité des musiciens par rapport à certains symboles délicats: le port de keffiehs, le V de la victoire sur scène, des choses qui pourraient nous sembler anodines."

Pourtant, le groupe n’éclate pas, les écueils sont évités. "Ceux qui participaient au projet étaient conscients de la chance qu’ils avaient. Il y avait un désir partagé par tous de réussir l’expérience." Car au-delà de quelques accrochages, les choses se sont déroulées dans la bonne entente, grâce sans doute au fantastique travail de médiateur de Jean-Yves Labat de Rossi.

Même si le durcissement des relations depuis les trois dernières années a eu des conséquences tragiques sur la vie des musiciens filmés dans D’une seule voix (l’un d’entre eux, Habib Awwad, fut tué dans son village d’Ibillin en Galilée par une roquette tirée par le Hezbollah), les liens qui ont été tissés lors de la tournée restent solides. "Certains musiciens ont réussi à se rencontrer à Malte", nous apprend le réalisateur. "Ils vont non seulement jouer leur répertoire propre, mais aussi créer une musique qui ferait la synthèse de leurs héritages." Un début d’harmonie?

Le samedi 21 mars, à 19 h 30 au Cinéma du Parc