Boucar Diouf, Marie-Chantal Perron, porte-parole de la 175e Fête nationale du Québec : Questions nationales

Il y a 25 ans que le Mouvement national des Québécoises et Québécois et ses 18 mandataires régionaux coordonnent les activités de la Fête nationale du Québec. Cette année, les 23 et 24 juin, près de 700 célébrations se tiendront sur tout le territoire, trois événements nationaux, à Montréal, Québec et Gatineau, 24 fêtes régionales et 18 grandes tablées. Au total, 20 000 bénévoles seront de la partie. Avec "Une voix qui porte" pour slogan, cette édition de la Saint-Jean-Baptiste est placée sous le thème de la parole, centrée sur la littérature, la langue et l’affirmation.

Pour Boucar Diouf, qui est né au Sénégal et s’est installé au Québec en 1991, et Marie-Chantal Perron, qui est née et a grandi à Châteauguay, qu’est-ce que ça signifie d’être porte-parole pour la Fête nationale des Québécois? N’est-ce pas un geste politique en soi? "Je viens d’une famille profondément nationaliste, lance Perron. Quand on m’a approchée, j’ai donc été très touchée, très flattée. J’en ai même annulé mes vacances! Mon cheval de bataille, c’est la langue. On est à une période où le français n’est pas à l’abri des intempéries. Je ne suis pas quelqu’un de politisé, mais je constate et je crois dans mon coeur que la fierté est aussi forte que la foi: ça déplace des montagnes! Si on peut parvenir à communiquer une fierté de notre langue aux plus jeunes ou aux immigrants, je pense que c’est plus fort que n’importe quelle loi."

"C’est l’occasion de rappeler qu’on est vulnérable comme société, ajoute Diouf. Nous sommes six millions de francophones dans une mer d’anglophones!" Puis il enchaîne: "Ça m’a vraiment touché qu’on ait demandé ça à quelqu’un comme moi. C’est vrai que je suis passionné par la langue française et que j’ai un profond sentiment d’appartenance au Québec, mais qu’on m’ait demandé d’être porte-parole, c’est un signe, un indice que la société change, que le Québec est devenu très inclusif. Être une personnalité publique, c’est un privilège, mais c’est aussi une responsabilité. Il fallait que je saisisse cette occasion de faire le tour du Québec pour dire aux gens que je suis Québécois et que des gens comme moi qui sont Québécois, il y en a beaucoup. Des Latino-Québécois, ça existe, des Africano-Québécois, ça existe, des Sino-Québécois, ça existe… et c’est ça qui fait la force d’une nation."

UNE FÊTE POLITIQUE?

"À l’origine, estime Diouf, c’était une fête profondément politique, mais aujourd’hui, je pense que la Fête nationale, c’est la fête de tous les Québécois, de toutes origines et de toutes sensibilités politiques. On essaie toujours de ramener l’aspect politique, mais il y a bien des gens dans les quartiers de Montréal qui ne sont pas indépendantistes et qui fêtent, qui sont fiers d’être Québécois. Célébrer la Saint-Jean, c’est dire: je suis fier d’être en Amérique du Nord, de parler français et de me définir comme Québécois. C’est une fête de citoyens, pas une fête politique ou militaire. Moi, je le vois comme ça." "Le Québec d’aujourd’hui, ajoute la comédienne, c’est vraiment une mosaïque de cultures. À mon avis, prendre une Perron et un Diouf comme porte-parole, c’est emblématique de ça."

Alors, c’est quoi un Québécois? "C’est quelqu’un qui adore le Québec, tranche Diouf, quelqu’un qui y vit, qui adhère à ses lois et qui parle français. C’est une grande famille, beaucoup de gens qui sont rattachés au même drapeau." Et les anglophones qui habitent le Québec depuis plusieurs générations, ils sont Québécois? "S’ils célèbrent notre culture et aiment notre langue, ose Perron, oui, ils sont Québécois! Au fond, ce qu’il faut célébrer, c’est le sentiment d’appartenance."

Les 23 et 24 juin
Aux quatre coins du Québec
www.fetenationale.qc.ca

DEUX GRANDS SPECTACLES
Le 23 juin, sur les plaines d’Abraham, à compter de 19 h, Guillaume Lemay-Thivierge anime le grand spectacle de la Capitale. Au menu, Alfa Rococo, Daniel Boucher, Annie Villeneuve, Yann Perreau, Mara Tremblay, Catherine Major, Richard Séguin, Louise Forestier, El Motor, Loco Locass et Omnikrom. Boucar Diouf livrera un monologue sur la parlure québécoise et Marie-Chantal Perron, un discours patriotique. On promet de faire en sorte que les spectateurs soient réveillés jusqu’à l’aube. Le 24 dès 13 h, rue Sherbrooke entre Fullum et le parc Maisonneuve, c’est le Défilé des Géants, une procession qui sera diffusée en différé sur les ondes de la Télévision de Radio-Canada dès 16 h. Toujours le 24, au parc Maisonneuve, à compter de 17 h, Guy A. Lepage anime le grand spectacle de la Métropole. Au menu, La Bottine Souriante, Zébulon, Éric Lapointe, Ariane Moffatt, Florence K, Karkwa, Marie-Mai et Les Porn Flakes.