Stratégie touristique : Réinventer Québec ou mourir?
De Paul McCartney à KISS. Du Moulin à images au Cirque du Soleil, en passant par le Crashed Ice. Les grands événements s’imposent dans la stratégie touristique de la capitale. Une approche viable à long terme? Ou bien une autre réinvention s’impose?
Alors. Les grands événements. Viables à long terme? En un mot: non. À court terme, selon Paul Arsenault, directeur du Réseau de veille en tourisme, c’était la chose à faire. Mais au-delà? Incertitude. "À moyen terme, je n’en suis pas sûr. Si c’était LA formule, je pense que tout le monde l’aurait compris. Oui, c’était la chose à faire pour combler le vide post-400e, toutefois, ce serait une erreur à moyen terme." Le problème? L’offre n’a tout simplement rien de particulier à Québec. Des grands événements, il y en a partout. Qu’est-ce que ça représente, 100 000 personnes, pour un New-Yorkais? Un Torontois? "Les gros succès de foule qu’on a vus dans le cadre du 400e, à l’étranger, les gens, ça ne les impressionne pas, il faut miser sur nos richesses", remarque de son côté Daniel Gagnon, directeur des communications et de la publicité à l’Office du tourisme de Québec. Il faut le dire: pour lui, ces grands événements sont plutôt destinés au public d’ici. Du Québec. "Une étude nous a révélé qu’environ 60 % des Québécois sont venus 23 fois et plus à Québec. Pour eux, ça prend des nouveautés, des événements."
Mais l’argent investi dans l’organisation de ces activités ne devrait-il pas l’être ailleurs? "Parce que, de toute façon, si on ne renouvelle pas l’offre tous les trois ans, il va y avoir un effet qui se fera sentir", observe Paul Arsenault. Et où investir? Pourquoi pas à l’aéroport, par exemple? "Il y a toujours des problèmes de liaisons aériennes vers Québec. Il faut développer des nouveaux marchés, amener des touristes à Québec autrement qu’en voiture ou en autobus."
Si l’image "grands événements" ne devrait pas être celle de Québec, que développer? Avec le 400e, on a fait de grandes constructions. Promenade Samuel-De Champlain. Rivière Saint-Charles. On a continué à pousser l’esprit romantique et historique de la capitale. Une bonne idée? Ça dépend à qui vous posez la question… D’après l’Office du tourisme, oui. "Selon nos études, 70 % des touristes viennent pour le Vieux-Québec. Ils aiment le côté européen, romantique, de la ville", explique M. Gagnon. Pour Paul Arsenault, c’est tout le contraire, ou presque… "On ne peut pas nier que la capitale est une belle ville. Mais, même si on a développé de nouvelles fonctions urbaines avec le 400e, reste que si on continue de présenter Québec comme romantique, belle et décorative, je ne suis pas sûr qu’on réussisse à aller chercher les moins de 40 ans. Et ces améliorations-là, ça se fait à long terme." La question, donc: rajeunir l’image? Pousser Saint-Roch technologique. Le nightlife. La culture émergente. Possible? Oui. Mais pas tout de suite: l’offre n’est pas encore arrivée à maturité. "C’est une raison de plus de découvrir Québec, mais le produit n’est pas encore consolidé", nous dit-on à l’Office du tourisme… Alors, pour l’instant, on continue avec ce qui fonctionne: "Il ne faut pas oublier que les gens qui voyagent le plus, ce sont les 40-60 ans. C’est eux qui ont l’argent, c’est eux le core business."
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