Bruno Blanchet : Pour l’amour du trip
Grand voyageur devant l’Éternel, Bruno Blanchet invite les téléspectateurs de Partir autrement, sur TV5, à éviter les tout-inclus.
Voir: Votre émission est un bel antidote à une certaine paranoïa ambiante face aux voyages dans les pays plus pauvres. Depuis des années, grâce à vos livres et vos chroniques, vous nous rappelez que le monde est beaucoup moins hostile qu’on ne le pense.
Bruno Blanchet: "Chaque fois, c’est une surprise. On part souvent avec des a priori négatifs. On s’attend, lorsqu’on visite des pays jugés dangereux, à rencontrer de l’hostilité grave. Le chaos fait peur. Et pourtant, on peut se retrouver dans un endroit qui est chaotique mais qui nous correspond. Je ne m’y attendais pas, mais ça m’est arrivé à Khartoum. J’y ai vu les marchés les plus bruyants au monde, toutes les échoppes ont un crieur. C’est un véritable combat de décibels. On y retrouve des métiers dont on ne soupçonne pas l’existence: des vendeurs de bouts de ficelle, des réparateurs de briquets. C’est fascinant. L’important, en voyageant, c’est d’oublier la bulle qui nous entoure en tant qu’Occidental. Il y a des voyages plus éprouvants que d’autres, c’est certain. Mais je ne dirais jamais à quelqu’un: "N’y va pas!""
Partir autrement fait l’apologie du tourisme équitable. Mais est-ce pour tout le monde?
"Il y a des gens, comme moi, pour qui le voyage est un mode de vie. Pour moi, le voyage est comme un exil, comme une fuite. Je vis dans ma valise et je me sens léger. Pour d’autres, le voyage, c’est les vacances. Ils ne cherchent pas les imprévus, ils savent ce qu’ils veulent: la détente, la plage, etc. Mais avec l’émission, on cherche quelque chose entre ces deux conceptions. On visite des destinations qui ne demandent pas qu’on soit Indiana Jones pour les apprécier, mais qui, par contre, ont su conserver leur authenticité. Des endroits qui donnent aux voyageurs la chance de rencontrer des gens qui ne sont pas costumés. Dans Partir autrement, on fait le tour d’endroits gérés par les locaux, pour les locaux."
Le tourisme équitable est-il en train de devenir une réalité mondiale?
"On a fait tous les continents. Et partout, il y a quelque chose dans l’air. Il semble qu’il y ait, de plus en plus, une volonté de faire les choses à l’échelle humaine. Les gens s’inspirent des richesses de leurs régions. Des villageois se disent: "On a une rivière, on a des baobabs, pourquoi ne pas les faire voir?" Eux, ils n’appellent pas ça du tourisme équitable. Ils ont tout simplement découvert un filon qui les nourrit."
Ce type de voyage affecte-t-il aussi la manière dont on vit au retour?
"En voyageant, je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin de tant de choses que ça. Au bout du compte, un souper, une belle rencontre, ça vaut plus qu’un écran de 53 pouces. Il faut toucher une chose, faire l’effort d’exister. Je vois ce show-là comme une fenêtre ouverte.
Tous les vendredis, 19 h, sur les ondes de TV5