Fonds des médias du gouvernement fédéral : On touche le fonds
Société

Fonds des médias du gouvernement fédéral : On touche le fonds

Selon Carl Gaudreault, producteur chez Télé-Boréale, le nouveau Fonds des médias pourrait nuire au développement régional.

Avec deux documentaires produits en un an – Territoire secret du désir: la bisexualité, qui sera diffusé à Canal Vie l’automne prochain, et Scraper l’art, l’exemple Jordi Bonet, dont la diffusion sera faite sur les ondes de Radio-Canada et d’ARTV aussi l’automne prochain -, Carl Gaudreault semble tirer son épingle du jeu. Et dans son petit bureau du carré Davis, siège très social de Télé-Boréale, où il est suivi en permanence par un stagiaire (Paul Ferré) ayant le mandat de produire un documentaire sur son rôle de producteur, il continue d’entretenir la même passion pour la production télévisuelle. En fait foi cette liste de projets longue comme le monde qui occupera ses prochains mois, voire ses prochaines années. Ce qui ne l’empêche pas de s’indigner devant le nouveau Fonds des médias du gouvernement fédéral.

Le nouveau fonds, qui remplace depuis le 1er avril le Fonds canadien de la télévision, propose de mettre l’accent sur les productions qui intéressent les téléspectateurs canadiens. Or, l’importance du documentaire réside moins dans sa cote d’écoute que dans sa portée sociale et la richesse de son propos. De plus, les nouvelles règles établies priveraient Radio-Canada d’une source de financement importante dont elle bénéficiait avec le précédent Fonds canadien de la télévision. Enfin, le nouveau fonds impose une exigence qui aura des effets importants sur les productions à venir: "Les promoteurs devront diffuser leurs productions sur au moins deux plates-formes, dont la télévision." Or, selon Gaudreault, la diffusion sur de nouvelles plates-formes comme le Web demande une équipe au moins aussi importante que la diffusion télévisuelle traditionnelle.

"Et ce sont les régions qui en souffriront le plus!" dénonce avec véhémence celui qui a justement pris le parti d’offrir le point de vue de la "boréalité", un acronyme révélateur (réalité boréale) des ambitions de Télé-Boréale.

En effet, le fait de prioriser l’utilisation des nouvelles technologies et la production HD ne tient pas compte des moyens des producteurs régionaux, principalement spécialisés dans la production de documentaires. "Nous avons deux ministres fédéraux dans la région. Est-ce que ça change quelque chose?" Une question qui se rendra directement dans les mains de Jean-Pierre Blackburn et de Denis Lebel, le producteur ayant pris la résolution de leur faire part de ses inquiétudes.

En attendant, il continue de mettre les bouchées doubles. Avec tous les projets qui s’en viennent – série, documentaires, production Web, alouette -, ce n’est pas le temps de baisser les bras.