Diégal Léger : Service public
Société

Diégal Léger : Service public

Diégal Léger est membre du groupe Nomadic Massive, qui participera cette fin de semaine aux 16e Journées Alternatives pour un concert qui promet d’être aussi engagé qu’engageant. Rencontre avec un artiste pour qui chaque jour est un jour qui se rêve.

Michel Lambert, le directeur d’Alternatives, l’annonce sans ambages: cette 16e présentation des Journées sera placée sous le signe de la diversité et des "ponts entre les préoccupations nationales et internationales". Le programme est donc connu: toute une fin de semaine à se réunir en colloques, ateliers, et autres parcours pour évoquer les grands enjeux actuels et parler diversité et justice sociale.

Dès lors, qui de mieux pour couronner la fête que les Montréalais de Nomadic Massive et leur hip-hop cosmopolite et polyglotte? Qu’ils soient d’origine québécoise, haïtienne, franco-anglaise ou algérienne, les membres de Nomadic Massive ont tous en commun une certaine idée de l’art et du rôle qu’il doit jouer dans la société. Diégal Léger (alias Rawgged MC), bassiste d’origine haïtienne, raconte: "C’est avant tout une rencontre artistique. Le dénominateur commun entre nous a été le hip-hop. C’est autour de lui que se sont rencontrées nos différentes influences". Et pas question de brandir le multiculturalisme comme un étendard, explique-t-il. "Notre diversité n’est pas une cause à défendre, mais un fait objectif dont il faut s’accommoder. Nous sommes à l’image de la société actuelle: une mosaïque de cultures et de sensibilités, et il nous faut prendre le meilleur de chacune."

"Percuter" les consciences

Comme la majorité des membres du groupe, Diégal Léger mène de front plusieurs carrières. Lui est podiatre à Terrebonne, les autres sont directeur de maison des jeunes, éducateur, enseignant, ou encore agent immobilier. Pour cet autodidacte de 35 ans, c’est le meilleur moyen de s’ancrer au réel. "Notre vie professionnelle sert notre art et réciproquement, cela nous permet de parler aux gens de problématiques qui leur sont familières." Il en fait même une question d’héritage: "Les ancêtres du hip-hop sont les griots d’Afrique de l’Ouest, avec leur tradition orale et percussive".

Répandre la nouvelle et tambouriner aux consciences, donc, telle est la vocation que se sont assignée les Nomadic Massive. Aussi n’ont-ils pas hésité une seconde avant d’accepter l’invitation aux Journées Alternatives. "Comme nous, les gens d’Alternatives défendent et propagent le concept de proaction, c’est-à-dire le devoir qu’on a tous d’oeuvrer pour notre société. Parce qu’au fond, quel que soit le type d’implication que tu choisis, la seule chose qui compte, c’est d’agir", poursuit Diégal Léger, également membre du collectif L’apathie, c’est plate, qui vise à redonner aux jeunes générations le goût de la politique.

Espoirs contagieux

Sa démarche artistique et son engagement citoyen s’alimentent au même carburant, confesse-t-il, la quête effrénée de progrès social. Avec cette double certitude que, d’une part, plus on est nombreux à faire entendre sa petite voix, plus on fait de bruit et que, d’autre part, désirer le changement ne sert à rien, il faut le créer. Et c’est précisément là, selon lui, que doivent intervenir les artistes, qu’il n’hésite pas à qualifier d’agents de service public. "Nous sommes des watchdogs, il est de notre responsabilité d’informer, de provoquer, d’alarmer." Pour autant, il n’oublie pas la vocation récréative de l’art et parle d’"edutainement", un concept à mi-chemin entre éducation et divertissement.

Alors, presque sans s’en apercevoir, ce diplômé de médecine se met à parler de musicothérapie, de soulager les peines. Explique que le défi consiste à parler au public de problématiques parfois lourdes, tout en s’assurant qu’il passe un bon moment. "On monte sur scène avec notre musique, notre rythme, notre optimisme, et puis on tente de créer une énergie positive", poursuit celui qui se voit volontiers comme un "agent de changement social". Sa méthode? La contagion. Ou, plus justement, la contamination, de proche en proche, et de bouche à oreille. À l’entendre, on l’imagine volontiers tapant du pied dans une foule, seul, en attendant que d’autres se joignent à lui. "Et si personne ne me suit, philosophe-t-il, peut-être qu’au moins, quelqu’un finira par me demander pourquoi je tape du pied. Alors je me ferai une joie de lui expliquer."

Les 16e Journées Alternatives se tiendront les 27, 28 et 29 août au camp Papillon de Saint-Alphonse-Rodriguez.
Info et inscriptions: www.alternatives.ca