Emploi / Génération Y : Y à l'étude
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Emploi / Génération Y : Y à l’étude

Individualistes, déloyaux et impatients, les jeunes de la génération Y ne jouissent pas d’une réputation enviable par les temps qui courent. Mais qui dit génération dit souvent généralisation. Au-delà des rumeurs de corridors, que doit-on vraiment retenir au sujet de ces jeunes travailleurs?

Samedi matin enneigé, 300 jeunes de 20 à 35 ans sont entassés dans l’une des salles du Palais des congrès pour participer au Sommet Génération d’idées. Un week-end entier à débattre de motions pour améliorer la société québécoise. Pour le fondateur de GEDI, Paul Saint-Pierre Plamondon, il s’agit d’une parfaite réfutation de l’accusation de flegme qui pèse sur sa génération, ceux qu’on appelle les Y. "C’est un signe clair qu’on envoie. Il y a une effervescence en ce moment, les jeunes veulent travailler en équipe pour faire valoir leurs idées. On n’a pas le poids démographique des boomers, donc il faut au moins s’arranger pour ramer dans le même sens." Pas si individualiste finalement, cette nouvelle génération? Pour la professeure et chercheuse à l’UQAM Sylvie Guerrero, il faut à tout prix nuancer le discours tenu au sujet des Y depuis quelques années. "Quand on s’attarde aux différentes études scientifiques qui ont été menées sur le sujet, on dénote des valeurs d’altruisme et la volonté de construire un monde meilleur chez les jeunes interviewés. La notion d’individualisme, elle apparaît surtout quant à la vie professionnelle." Approche individualisée de la carrière sont les mots-clés pour comprendre l’attitude des Y sur le marché du travail, explique la professeure. "Les jeunes savent qu’ils sont les seuls responsables de leur réussite professionnelle. Si ce ne sont pas eux qui prennent leur destin en charge, personne d’autre ne va le faire à leur place."

Où seras-tu dans cinq ans?

Ce discours est corroboré par quelques participants rencontrés entre deux séances de discussion du Sommet Génération d’idées. C’est le cas d’Étienne, 27 ans, ingénieur mécanique de formation et étudiant au MBA de HEC qui évolue dans une entreprise privée qu’il adore. Son plan de carrière? "Dans les quatre prochaines années, je veux avancer en gestion. Après, je ne sais pas, peut-être que j’irais chez Hydro-Québec." Scandale! Déloyal? "Pourquoi le serait-il? demande Sylvie Guerrero. Il y a 40 ans, il était fréquent de faire toute sa carrière chez un même employeur. Maintenant, peu d’employeurs peuvent eux-mêmes garantir une telle loyauté à leurs employés." Le désir de se réaliser sur le plan professionnel comporte quand même plusieurs avantages pour un gestionnaire. Comme la valeur du mérite est au premier plan, les travailleurs de la génération Y sont prêts à s’investir pour récolter ce qu’ils sèment.

Conflit de générations, pas juste la Y!

"Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge." Cette citation est d’Aristote. C’est donc dire que les conflits de générations ne datent pas d’hier! Pour éviter de tomber dans ce piège, les ressources humaines ne doivent pas faire de discrimination à l’égard d’un groupe d’âge, croit Sylvie Guerrero. "Il ne faut pas s’adapter seulement à la génération Y, il faut s’adapter à tous. Si l’on dit que les Y veulent plus d’aménagement vie-travail, ça peut être aussi vrai pour un boomer! La différence, c’est qu’un employé à l’aube de sa retraite sera peut-être plus intéressé par la semaine de quatre jours, tandis qu’un jeune travailleur préférerait avoir l’option d’une année sabbatique." Les jeunes auraient toutefois tendance à négocier plus ouvertement, conscients qu’ils sont de leur valeur. Mais cette réalité est possible en raison du contexte favorable du marché du travail. En temps de crise économique aux États-Unis, la soi-disant génération Y ne se faisait pas trop entendre. Ce qui nous laisse sur l’interrogation suivante: capricieuse ou trop courtisée, la génération Y?

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