Sébastien Roy: artificier- pyrotechnicien : Le feu aux poudres
Société

Sébastien Roy: artificier- pyrotechnicien : Le feu aux poudres

Derrière chaque grand feu d’artifice qui illumine le ciel, il y a au sol une petite équipe d’artificiers sur l’adrénaline. Rencontre avec Sébastien Roy, tireur d’élite.

Il a "tiré des feux" lors d’un spectacle de Björk au parc Jean-Drapeau, aux derniers Jeux olympiques, à l’hommage au Cirque du Soleil présenté à La Ronde l’été dernier, dans une compétition en Chine tout récemment, et dans le ciel du Brésil durant le temps des Fêtes. Pourtant, petit garçon, Sébastien Roy n’était pas du genre à jouer avec des pétards à mèche. "C’est la musique qui m’intéressait, je voulais devenir preneur de son." Après des études qui le destinaient à une carrière de technicien de scène, Sébastien a rencontré des gens qui jouaient avec les feux… d’artifice, et qui lui ont donné le goût de pratiquer ce métier explosif. "Dès le premier montage, soit tu attrapes la piqûre, soit tu détestes. Moi j’ai aimé, et j’ai persisté… Je fais ça depuis 2000", précise celui qui est aujourd’hui directeur technique et actionnaire du Groupe Fiatlux-Ampleman, une entreprise spécialisée dans les spectacles pyrotechniques.

Il y a une distinction à faire entre artificier et pyrotechnicien. Le premier s’occupe des feux extérieurs, le second bosse à l’intérieur, lors des derniers concerts de Kiss et de Rammstein, par exemple. La formation à suivre est étonnamment brève. "C’est une journée pour chaque carte de compétence, donc deux jours au total, et les cours sont offerts par la Division des explosifs, qui relève du ministère des Ressources naturelles." Deux petites journées de rien du tout et on peut faire pow pow dans le ciel? "À la fin de ta journée, tu passes un examen et si tu as 80 %, tu reçois ta carte… Sauf que t’as presque rien appris. C’est dans la pratique que le métier rentre. Quand tu commences, tu dois te trouver un mentor, quelqu’un qui va superviser ton travail, te dire quoi faire et surtout quoi ne pas faire. À la base, il faut être débrouillard, aimer le travail physique et les défis. La formation de technicien de scène qui se donne au Collège Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse, au Cégep de Saint-Hyacinthe ou encore à L’École du show-business est une excellente base."

Le métier d’artificier-pyrotechnicien est-il aussi dangereux et excitant qu’il le paraît? "Oui, et c’est pour ça qu’on le fait. Mais il y a toute l’étape du montage et du démontage avant la mise à feu. Malgré le fait que je suis appelé à travailler dans des événements d’envergure, partys de gens riches, etc., ma job à moi est loin d’être glamour. C’est un travail très physique qui demande beaucoup de concentration. On peut travailler au beau soleil, mais aussi à la pluie battante, dans la neige, le froid et le vent… Ça peut devenir difficile, car même s’il y a du vent et qu’il fait -27, the show must go on. Mais oui, il y a ce rush d’adrénaline qui fait que quand je rentre chez moi après avoir tiré un feu et passé 20 heures dehors, je n’arrive pas à trouver le sommeil."

Illuminer le ciel un peu partout dans le monde, est-ce là un métier d’avenir? "C’est une industrie stable, mais qui ne connaît pas de grande progression. Les trois quarts des gens qui exercent ce métier le font comme travail d’appoint; plusieurs sont à la pige. Je fais partie d’un noyau choyé au Québec; on est peut-être une vingtaine à pouvoir en vivre." Que la lumière soit!

Info /
Division de la réglementation des explosifs au ministère des Ressources naturelles: www.nrcan.gc.ca/smm-mms/expl-expl/erd-dre-fra.htm

Programmes /

Scénographie et décor de scène à L’École du show-business: 7093, avenue du Parc, Montréal, 514 271-2244, www.ecoledushowbusiness.com

Gestion et techniques de scène au Collège Lionel-Groulx: 100, rue Duquet, Sainte-Thérèse, 450 430-3120, www.clg.qc.ca

Théâtre production – Gestion et techniques de scène – Conception: décors et costumes au Cégep de Saint-Hyacinthe: 3000, avenue Boullé, Saint-Hyacinthe, 450 773-6800, www.cegepsth.qc.ca