Alexandro Jodorowsky : Libre panseur
Du 29 mars au 1er avril, l’Université de Foulosophie crée l’événement en recevant Alexandro Jodorowsky à Montréal. En guise d’avant-goût, entretien avec un artiste inclassable et thérapeute des âmes.
C’est à François Gourd que l’on doit la venue de Jodorowsky à Montréal. "D’abord, dit-il, parce que c’est un foulosophe incontesté, et puis parce qu’on voulait faire découvrir ou redécouvrir son oeuvre, qui est immense, dans tous les sens du terme."
Il faut dire que Jodorowsky – Jodo pour les initiés – est devenu un véritable phénomène. Cinéaste iconoclaste, provocateur de génie, tarologue réputé, bédéiste à succès, homme de théâtre, écrivain, poète… l’homme est tout cela à la fois, et plus encore. Aussi et surtout, il est devenu un maître à penser pour bien des gens à travers le monde.
Or, à 82 ans, l’homme a passé l’âge de s’enivrer de son succès. Tout juste s’en amuse-t-il. "Je ne m’explique pas cet engouement, le monde est plein de choses inexplicables, comme ce succès, ou les tsunamis", lance-t-il dans un rire en apprenant que cette fois encore, les salles seront combles.
"Guérir le monde"
Puis, redevenu sérieux, il évoque un tournant majeur dans sa vie: sa "dépression artistique" qui le pousse à arrêter de créer pendant deux ans, le temps d’une introspection. C’est alors que, se rencontrant lui-même, il rencontre ses contemporains, "tristes animaux sans finalité portant des masques de satisfaits1". "J’ai réalisé que nous vivions dans un monde malade et que la seule finalité de l’art était de guérir ce monde. Alors j’ai décidé d’y contribuer, comme on tente de déplacer une montagne avec une petite cuillère", explique-t-il, citant un vieux conte chinois.
C’est alors qu’il donne naissance aux cabarets mystiques, ces réunions hebdomadaires alliant spiritualité, tarologie et interprétation de textes sacrés. Ce sont entre autres ces réunions, qu’il anime pendant plus de vingt ans, qui lui confèrent peu à peu une aura de sage. Mais de cela aussi, il se moque. "Je me réjouis que mes idées trouvent un écho, mais est-ce que je suis un sage? Je crois que chacun de nous est un sage et un génie en puissance." Reste à aller le débusquer. C’est à cela que nous invite Jodo, à un voyage entre ombre et lumière, un voyage dans des contrées qui nous sont à la fois étrangères et intimes. Car, dit-il, "se connaître soi-même est l’unique aventure qui vaille la peine d’être tentée, nous devons tout faire pour devenir ce que l’on est".
Interrogé sur la soirée au Monument-National, il s’avoue incapable de dire ce que sera le programme. "Je ne prépare jamais une rencontre, chacune est unique et dépend plus du public que de moi." Mais il poursuit: "Au fond, la conférence devrait ressembler à cet entretien." Alors, on vous le livre en primeur, ce sera drôle, mystique, poétique, fulgurant et, pour tout dire, absolument unique. Mais chut, que tout ceci reste entre fous…
(1) Alexandro Jodorowsky, Cabaret mystique, histoires spirituelles, Éd. Albin Michel, 2008.
Jodo est en ville
Les réjouissances débuteront le 29 mars à 19 h par une rencontre-conférence devant 800 personnes au Monument-National. Le lendemain aura lieu un dîner de financement chez l’artiste Armand Vaillancourt, au cours duquel 25 privilégiés pourront échanger avec les deux artistes pour la modique somme de 1000 $ (ce prix comprend l’entrée aux autres événements). Aussi, en hommage au Théâtre Panique que Jodo a fondé avec Topor et Arrabal, l’Université de Foulosophie organise une rencontre intitulée Théâtre panique et guérison, le 31 mars à 13 h (Espace Libre). Le lendemain 1er avril, le Cabaret mystique accueillera les amateurs d’expériences inédites pour une soirée où se succéderont 22 numéros en hommage à Jodo.
À noter également, la rediffusion de ses plus grands films au Cinéma du Parc, à la Cinémathèque québécoise et à la Casa obscura.
Un seul conseil: ruez-vous sur les billets, il n’y en aura pas pour tout le monde!
Programmation complète: www.udfou.com