Le mécénat 2.0 : Financement participatif
Société

Le mécénat 2.0 : Financement participatif

Vous avez les idées et le talent de vos ambitions. Il ne vous manque que les ressources financières pour concrétiser votre projet. Internet vole à votre secours, une fois de plus.

À l’heure où le gouvernement Harper sabre dans les subventions culturelles et que les maisons de disques coupent dans les budgets alloués à la production d’albums, de nombreux artistes cherchent à financer leur projet artistique autrement. Et puisque la vente de chocolat ou l’organisation d’un lavothon ne sont pas l’apanage des rockeurs, dramaturges, auteurs ou cinéastes, ceux-ci se tournent maintenant vers une forme de financement participatif rendu possible grâce à des sites Internet tels Kickstarter, Kapipal et IndieGoGo.

Le principe est simple. Il suffit de préciser la somme que vous souhaitez amasser et de vous fixer un échéancier pour y arriver. Vos amis, fans ou contacts pourront alors vous faire un don. Si votre objectif est atteint dans le laps de temps donné, le montant sera porté à leur carte de crédit. Si l’argent amassé est insuffisant, les dons seront annulés.

Afin de financer la parution de son deuxième album, Montebello, la Montréalaise Katie Moore s’est créé une page sur la plateforme Kickstarter. Son but était d’amasser 3000$ en 30 jours. Non seulement la chanteuse a-t-elle atteint son objectif en 8 jours seulement, mais les semaines suivantes lui ont permis de récolter près de 5000$. "J’ai été chanceuse car au moment de m’inscrire à Kickstarter, peu d’artistes québécois avaient encore utilisé la plateforme. J’ai donc profité du buzz de la nouveauté qui a grandement contribué à l’effet bouche-à-oreille. Je crois que les gens aiment avoir l’impression qu’ils ont participé à la production de mon album. Et comme je déteste quémander de l’argent, j’offrais de jolies récompenses en échange des dons."

Contre un montant de 25$, Katie offrait le téléchargement du disque ainsi que la copie physique. Mais pour 150$, vous aviez aussi droit à une "dédicace YouTube", soit une reprise de votre choix interprétée par la musicienne dans une vidéo YouTube. "J’ai même reçu un don de 500$, ce qui impliquait que j’aille donner un concert privé dans le salon du contributeur. Les utilisateurs du financement participatif ne doivent pas négliger l’importance de ces récompenses qui gonflent les dons de certaines personnes."

Si la majorité des sites spécialisés dans de telles campagnes de mécénat acceptent les projets de toute nature, le plus populaire, Kickstarter, refuse les initiatives sans utilité sociale. "Quelqu’un ne pourrait pas ramasser de l’argent pour s’acheter une console de jeu", explique Nicolas Langelier. Journaliste indépendant, il a récemment reçu 10 000$ en moins de 24 heures pour financer la naissance d’un nouveau magazine culturel. "Cette conscience sociale et l’interface très simple du site lui permettent de jouir d’une bonne crédibilité, ce qui aide lorsque vient le temps de solliciter les gens."

Pour l’instant, seuls les titulaires d’un compte bancaire aux États-Unis peuvent s’inscrire à Kickstarter, ce qui n’est pas le cas de Kapipal ouvert aux détenteurs d’un simple compte PayPal. Une solution pour permettre aux artistes de conserver leur indépendance sans plonger dans l’endettement.