Lorraine Hébert : Plan directeur de la danse professionnelle au Québec 2011-2021
Société

Lorraine Hébert : Plan directeur de la danse professionnelle au Québec 2011-2021

Le Regroupement québécois de la danse a bûché fort ces deux dernières années pour produire l’imposant Plan directeur de la danse professionnelle au Québec 2011-2021. Un projet de développement monumental porté par Lorraine Hébert, directrice générale du RQD.

Ce n’est pas un hasard si on avait donné le nom de "Grands chantiers" aux travaux précédant les États généraux de la danse de 2009: faire un état des lieux global et détaillé de la danse au Québec et imaginer des solutions pour la sortir de la sclérose qui la menace n’était pas une mince affaire. Artistes, travailleurs culturels, diffuseurs, théoriciens et enseignants s’y étaient pourtant employés, dégageant une centaine de recommandations pour assurer le développement et la pérennité de la discipline. Elles ont servi de base à l’élaboration de ce Plan directeur qui ratisse large en visant cinq grandes ambitions pour la danse: avoir les moyens de l’excellence, se constituer en secteur professionnel sain et viable, se distinguer comme foyer d’innovation à l’échelle nationale et internationale, rencontrer son public, s’ancrer dans le territoire et le tissu socioculturel du Québec.

Pour qui connaît les difficultés du milieu, l’entreprise peut sembler titanesque. Quelles seraient donc les urgences parmi les priorités identifiées? "Tout craque de partout, la planète est sens dessus dessous, alors que peut-il y avoir de si urgent pour la danse? reconnaît Lorraine Hébert. Disons quand même que tout le système étant d’une extrême fragilité, il est impératif de renforcer tout ce qui existe, qu’il faut faire une place à la relève et au renouvellement des pratiques, rendre la danse plus visible dans l’espace public et faire connaître ses artistes, mieux structurer le système de formation… Il y en a beaucoup, des urgences."

En résonance avec l’Agenda 21 de la culture qu’élabore le gouvernement québécois, le Plan directeur vise un développement durable en cherchant à consolider les bases et fondations de tous les secteurs disciplinaires. On y parle aussi bien de recherche et création que de relations de travail, de médiation culturelle, de modèles organisationnels, de patrimoine, de diffusion, d’équipements, d’éducation, de formation continue ou de pôles régionaux. On y parle aussi de systèmes de subventions à réformer pour une meilleure adéquation aux besoins du terrain, de même que de partage de ressources et d’expertises au sein même de la communauté de la danse.

"Le Plan directeur fait appel à tous les acteurs de la communauté et à plus d’une centaine de partenaires sans lesquels ce plan ne pourra se réaliser, soutient la directrice du RQD. Il implique, entre autres, les municipalités et les ministères qui s’occupent de questions de développement territorial, de santé, d’éducation et de loisir, d’emploi, etc."

QUESTION DE FONDS

Projet de société en soi, le Plan directeur pose la question de la place qu’on souhaite donner à la danse et à la création contemporaine au Québec et au Canada. Et si le sous-financement chronique de la danse est notoire, la conjoncture politique au plan national ne laisse présager aucune amélioration en ce sens et le financement privé n’apparaît pas à Lorraine Hébert comme une solution viable.

"Pour lever des fonds, il faut des ressources humaines et financières; et ces fonds étant aléatoires, ils n’aident pas à créer la stabilité nécessaire à un vrai développement, opine-t-elle. La seule solution est l’appariement entre le public et le privé qui, en même temps, se joue toujours au détriment des petites structures qui ne répondent pas aux critères d’accessibilité. Ce qui est intéressant dans l’implication des mécènes et du secteur privé, c’est la sensibilisation des gens d’affaires au pouvoir de l’art et à sa fonction dans une collectivité. Mais je ne crois pas que ça puisse générer suffisamment de fonds pour pallier l’insuffisance du financement public."

Dévoilé le 2 juin, le Plan directeur a l’objectif de changer radicalement le paysage de la danse au Québec en l’espace de 10 ans. Un défi de taille que tous les amoureux de la danse espèrent voir relevé.