Maryse Perreault, directrice générale de la Fondation pour l’alphabétisation : Donne-moi des mots
Maryse Perreault, directrice générale de la Fondation pour l’alphabétisation, fait de la cause de l’alphabétisation le combat de sa vie.
Si son nom est aujourd’hui indissociable de la cause de l’alphabétisation, Maryse Perreault s’y est au départ investie un peu par hasard. «Je me destinais à la traduction, domaine dans lequel j’ai étudié, mais je me suis rendu compte un jour que ce travail était beaucoup trop solitaire pour moi!» Après sa maîtrise, elle participe donc à différents projets de recherche, toujours incertaine de la voie à suivre, puis croise des amis qui font du bénévolat dans l’alphabétisation. Un domaine où l’objectif premier est justement de briser la solitude, celle de millions de «tu-seuls», pour reprendre l’expression de Marie-France Bazzo, isolés par leur peu de maîtrise de la lecture et de l’écriture. «J’ai eu la piqûre, j’ai réalisé qu’il y avait là un réel défi à relever, que les conséquences économiques, sociales et politiques de l’analphabétisme étaient considérables pour la société.»
Un défi qui exige de ceux qui s’y attaquent patience et conviction, tant les progrès en la matière sont «trrrrès lents». Vingt ans plus tard, Maryse Perreault n’a toujours pas baissé les bras. L’actuelle directrice générale de la Fondation pour l’alphabétisation n’entend pas le faire non plus, même si elle et ses collègues ont parfois l’impression de prêcher dans le désert. «La problématique est complexe, les ressources, insuffisantes, et si les politiciens sont officiellement préoccupés par la question, ils sont dans les faits plutôt silencieux.»
Travail de terrain
La Fondation articule son action à travers de nombreux projets et programmes, qui s’adressent à quiconque souhaite améliorer ses connaissances en français (voir coordonnées plus bas). Dans le discours de Maryse Perreault, on perçoit toutefois une priorité accordée aux analphabètes de niveau 2, qui représentent environ 33% des 49% de la statistique principale. La raison en est simple: ces gens-là n’ont parfois besoin que de quelques dizaines d’heures de formation pour passer au niveau suivant. «On parle de gens qui décodent les mots mais qui ont du mal à construire du sens au fil de leur lecture. Un peu comme quelqu’un qui a un faible niveau de lecture en anglais: au bout de quelques lignes, il perd sa concentration, l’exercice devient laborieux et la tentation de laisser tomber devient forte. En accompagnant ces gens-là, on envoie un message positif, celui qu’on peut améliorer son sort, que ça vaut la peine d’aller en formation.»
Comment s’attaquer à un problème aussi multiforme, et souvent invisible? «L’essentiel est de bien coordonner les ressources, communautaires et autres, pour que les analphabètes sentent qu’ils ont accès à une aide qui correspond à leurs besoins.» Cap aussi sur l’entreprise, où il y a du chemin à faire. «On se heurte souvent à cette idée que ce n’est pas à l’entreprise elle-même de défrayer les coûts de telles formations, que c’est à la société de s’en charger. Je suis toujours étonnée d’entendre ce discours de la part de gens qui veulent par ailleurs que l’État se mêle le moins possible de leurs affaires!» Avec pour conséquence que des travailleurs sont souvent remerciés, faute de qualifications, plutôt qu’épaulés dans la formation nécessaire. «Nous avons pourtant des études détaillées qui montrent qu’à moyen et long terme, il vaut toujours mieux pour une entreprise faire de la formation à l’interne. L’investissement est moindre et c’est le meilleur moyen de fidéliser ses employés.»
La Fondation travaille donc sur tous les fronts, y compris auprès des plus jeunes. À travers des projets comme La lecture en cadeau, par exemple, qui donne au public la possibilité d’offrir un livre neuf à un enfant provenant d’un milieu défavorisé. «On veut faire prendre conscience à des enfants qui ont moins facilement accès aux livres que lire, c’est amusant, et que ça ouvre à un monde de connaissances.»
L’objectif de la 13e édition, actuellement en cours, est de 30 700 livres. Il y a plusieurs façons d’y contribuer, tel que mentionné sur le site de la Fondation, la plus simple étant sans doute de se rendre au Salon du livre de Montréal, dont c’est la cause officielle!
www.fondationalphabetisation.org
INFO-ALPHA (service d’aide, d’écoute et de référence en alphabétisation et en formation de base): 1 800 361-9142