Dominic Champagne : Le bien commun
22 avril 2012

Dominic Champagne : Le bien commun

À l’instar de dizaines d’autres artistes québécois, Dominic Champagne voit dans la manifestation du 22 avril l’occasion de réfléchir haut et fort à la notion de richesse collective. Entretien avec un homme de théâtre, et surtout d’idées.

À qui t’adresses-tu et que souhaites-tu leur dire?

En fait, j’ai vraiment le sentiment de m’adresser à tout le monde parce que ce dont je parle, c’est du contrôle démocratique de notre richesse collective. Les enjeux qui nous concernent tous, ça fait partie de ce que j’appelle "le bien commun". L’eau, l’air, la démocratie, et on pourrait dire l’accès à l’éducation font partie du bien commun. Assurément, les richesses naturelles en font partie. Ce n’est pas quelque chose qui nous était apparu de manière aussi évidente avant le dossier des gaz de schiste, mais il y a des intérêts privés très puissants qui tirent des avantages de l’exploitation de ce bien commun.

On sent que le cynisme est à son comble dans la population. Suffira-t-il simplement de voter pour un autre parti aux prochaines élections ou est-ce que le problème est plus profond?

Il y a des partis politiques qui sont certainement plus progressistes quant à la manière d’exploiter nos ressources. Mais en même temps, pour répondre sincèrement à ta question, ce qu’il faut, c’est un changement assez radical de notre mode de vie. Malheureusement, je ne peux pas être trop optimiste. J’ai beaucoup de respect pour un certain nombre de politiciens à la pièce, mais j’ai quand même de la difficulté à me reconnaître dans les partis politiques qui se présentent sur la place publique.

Ce qui nous manque actuellement, je crois, c’est un leadership pour incarner cette volonté populaire. Pour peu qu’on la réveille, elle est là, les valeurs sont là. Je pense que le citoyen le plus cynique en ce moment au Québec, c’est Jean Charest, et au Canada, c’est Stephen Harper. Cette façon de se moquer de la démocratie… Quand j’entends la ministre de l’Éducation se moquer d’une jeunesse qui s’engage dans un important débat de justice sociale, je trouve qu’il n’y a pas pire cynisme.

Dans ta "déclaration pour le 22 avril", tu t’adresses aux hommes, femmes et enfants de bonne volonté. De qui parles-tu?

J’ai envie de faire appel à la meilleure part de nous-mêmes. Je pense qu’en se mettant au service du bien commun, on touche cette part de nous. Il y a des esprits cupides en ce moment qui ont énormément de pouvoir et qui prennent les décisions. Et ceux-là, à mon avis, sont habités par une mauvaise volonté. Alors je fais appel à tous les autres qui ont soif d’un plus grand partage de la richesse.

Nous serons là, dans la rue, le 22 avril. Et le 23, qu’est-ce qu’on fait?

Qu’est-ce qu’on fait le 23? On reprend foi peu à peu en notre pouvoir collectif. On retrouve la confiance qu’on a perdue dans les autres. C’est en se faisant confiance, à force de sonner la cloche, qu’on va réveiller un sens de la communauté qu’on a trop mis de côté.