Élections municipales à Québec : Face à face culture: Anne Guérette contre Frédéric Poitras
La lutte sera chaude cet automne dans le district Cap-aux-Diamants, l’épicentre artistique et historique de Québec. Anne Guérette et Frédéric Poitras se prêtent au jeu du bras de fer en acceptant de participer à notre interrogatoire. Un combat de coqs cultivés. Propos recueillis par Catherine Genest.
Voir: Côté musique, la scène indie de Québec n’a jamais été aussi dynamique, mais quelques groupes ressentent encore le besoin de s’établir à Montréal pour percer. Que comptez-vous faire pour garder les jeunes artistes ici?
Anne Guérette: «Il y a un problème à l’heure actuelle avec l’administration Labeaume qui en beaucoup pour tout ce qui est gros, par exemple l’amphithéâtre, mais aussi les événements d’envergure internationale. Je pense qu’il est temps, avec peut-être un peu moins de budget mais mieux réparti, d’aider un plus grand nombre d’artistes plus jeunes ou émergents. C’est le temps de revenir un peu plus groundé sur les gens plus jeunes ou plus débutants du milieu culturel. Je trouve que le maire ne s’en occupe pas suffisamment.»
Frédéric Poitras: «Je compte poursuivre le travail que je fais depuis déjà sept ans, amener cette vision et ce travail que j’ai fait au sein de l’administration en place à la Ville de Québec. En plus, j’ai déjà la certitude que tout est là pour travailler davantage. Ils n’attendent que ça, que je puisse contribuer à ce niveau-là.»
Quelle est la discipline artistique qui, selon vous, a le plus besoin d’être épaulée par le municipal à Québec?
A.G.: «Vous me posez une question très, très pointue, qui n’est pas rattachée à mon rôle de conseillère municipale. Moi, j’ai des amis chanteurs d’opéra qui commencent à trouver qu’on ne s’occupe pas beaucoup d’eux, que tous les contrats vont aux grands artistes…»
F.P.: «J’aurais envie de te répondre la musique d’ici, le théâtre d’ici, la danse d’ici, la littérature, la poésie, les arts visuels. Finalement, c’est extrêmement difficile de répondre! Ce que je te dirais plutôt, c’est que j’aurais envie de rassembler tous ces courants-là pour faire du développement de public afin que les gens des banlieues viennent voir du théâtre et de la danse.»
L’hiver dernier, une certaine inquiétude s’est fait sentir dans le milieu culturel de Québec parce que l’administration Labeaume tardait à renouveler le programme Première Ovation. Si vous êtes élu(e), comptez-vous militer pour le garder en place?
A.G.: «C’est là qu’il faut investir, parce que c’est la relève. […]Ce sont des initiatives (L’Ampli de Québec, Première Ovation et la maison de la danse de La Rotonde) qui ne coûtent rien par rapport à, par exemple, 5,5 millions de dollars pour un seul spectacle gratuit par année. Je pense ici au Cirque du Soleil et au Moulin à images…»
F.P.: «Bien sûr, évidemment. D’ailleurs, Première Ovation existe depuis 2008 et c’est l’une des initiatives de l’administration Labeaume auxquelles je lève mon chapeau. J’ai goûté aux fruits de Première Ovation, que ce soit en danse, en littérature, en théâtre ou en musique. Donc, oui, il ne faut pas que ça lâche. Si on peut bonifier, on va le faire. J’ai aussi envie que les artistes de la province voient en Québec une destination pour percer et exprimer leur créativité grâce au programme Première Ovation.
On a, dans le district Cap-aux-Diamants, un beau problème, soit celui de conserver le patrimoine en place, mais on veut aussi y inclure de l’architecture contemporaine. Quelle est votre proposition pour garantir un équilibre?
A.G.: «L’aménagement urbain, l’architecture et l’urbanisme, c’est la source de mon engagement politique. Depuis 11 années, je suis une architecte passionnée de patrimoine et d’urbanisme, et je suis convaincue qu’il est possible de conserver notre richesse et de développer la ville avec des projets tout à fait contemporains. […] Mais pour moi, le projet à six étages (l’îlot Esso) qui est présenté en ce moment est tout à fait inacceptable dans ma vision. Ce sera à la population de décider dans un référendum.
F.P.: «La consultation des gens en place, évidemment. […] De faire un travail de pédagogie aussi, de montrer qu’il y a des projets hallucinants qui s’en viennent et que c’est bien fait. Depuis que tu m’as posé ta question, je pense juste à la Maison de la littérature dans l’ancien temple anglican sur Sainte-Ursule. Ça va être hallucinant de pouvoir jumeler une architecture contemporaine de bon goût avec un vieux temple patrimonial.
Et finalement, quel a été votre coup de cœur culturel local dans la dernière année? (Danse, musique, théâtre, arts visuels ou cinéma)
A.G.: «C’est le théâtre jeunesse Les Gros Becs, où je sors avec mes enfants. Comme je les ai en garde partagée, je travaille très tard les semaines que je suis seule et je n’ai pas beaucoup de temps pour voir des spectacles.»
F.P.: «C’est le parcours Où tu vas quand tu dors en marchant, qui est pour moi l’une des nuits les plus magiques de la ville de Québec, là où tout le monde retrouve son cœur d’enfant.»