Le Spot : Le merveilleux village éphémère du Carré Lépine
Le projet semble tout droit sorti d’un rêve. Du 19 juin au 15 août, des architectes émergents prennent d’assaut un lieu abandonné de Saint-Roch. Un point de pivot entre la Haute et la Basse Ville qui avait été mis en lumière dans le cadre d’Où tu vas quand tu dors en marchant en 2013 et 2014 mais qui n’avait jamais vraiment eu droit à une seconde vie.
Oubliez les embaumeurs et les croque-morts qui ont occupé les locaux et le stationnement au 715 rue Saint-Vallier Est pendant 165 ans. Ils ne sont plus qu’un vague souvenir, que du sapristi de bon matériel pour une partie de Ouija. Près de deux siècles après l’ouverture du complexe funéraire de la famille Lépine, cette grande place désertée depuis 2010 change de vocation le temps d’une saison pour accueillir un food truck, un bar, une plage artificielle, des concerts programmés par le Pantoum et du cinéma en plein air en collaboration avec Antitube, Spirafilm et le FCVQ. C’est ambitieux!
Derrière le projet? Onze architectes de la relève diplômés ou encore étudiants de l’Université Laval. Du nombre, le pétillant Francis Lacelle. « Le but du projet, c’est de mettre en valeur un lieu délaissé de la ville de Québec. C’est un peu ça le principe de ce mouvement mondial là. […] Ici, on a mis le Cinéma Charest à terre parce qu’on trouvait pas ça sécuritaire mais en Europe on aurait ouvert ça aux citoyens pour qu’ils se l’approprient. » Les villes qui l’inspirent? Berlin, Portland, San Francisco et même Montréal. « Québec c’est un beau playground parce que la ville commence à s’intéresser à ce genre de projet-là. Suffit d’arriver avec la bonne idée au bon moment. Québec c’est stimulant parce que tout est à faire! »
Mais Le Spot n’a rien d’un projet pour hippies désorganisés comme ce qu’on peut voir ailleurs dans le monde. C’est pour ça que les dirigeants municipaux leur ont octroyé une subvention de 25 000$ pour parvenir à leurs fins. Des sous qui serviront à payer les assurances, un comptable, les permis, les salaires des employés du restaurant, les cachets des musiciens qui viendront jouer et les droits d’auteurs en lien avec les films présentés. Les 11 membres du comité exécutif, les organisateurs, travaillent bénévolement.
Cinq stations, cinq décors distincts
Même si le plan est gardé top secret, on peut vous révéler quelques détails sur l’aménagement du site. D’abord avec la clôture de chantier face à Saint-Vallier Est qui sera garnie de hula hoop. Un « stunt » pour attirer l’attention des passants comme l’explique l’architecte Marie-Andrée Groleau. « C’est vraiment pour créer un appel signalétique. Quand t’es de l’autre côté de la rue, tu vas voir un espèce de mur qui risque d’être rose. Un mur coloré et assez transparent en même temps. C’est pour intriguer et fermer le site aussi. »
De l’autre côté de ce mur plus-que-ludique, c’est un immense carré de sable qui sera aménagé. Il sera entouré d’un potager et de gradins en latte de bois pour les parents qui voudront surveiller leurs petits petits gamins.
Une marelle géante sera dessinée sur l’asphalte à côté de la fausse plage et le fameux food truck sera stationné au bout. Une genre de roulotte à patate frite évoluée avec un menu axé sur les produits locaux et les bouchées à partager entre amis. Francis assure d’ailleurs que les prix seront hyper abordables.
À l’ardoise, entre autres : un gravlax de truite sur un pain de maïs, une poutine à la sauce au foie gras avec dindon effiloché, une large variété de popcorns aromatisés pour l’heure de la collation et des desserts à la guimauve. Rien que des recettes pensée par deux finissants de l’ITHQ qui sauront assurément profiter de cette vitrine pour s’éclater et se faire remarquer.
On pourra s’abreuver au bar temporaire, situé juste en dessous de la galerie. Là, par contre, la carte n’est pas encore connue mais les deux organisateurs rencontrés parlent déjà de leur penchant pour les microbrasseries. À suivre.
La cour intérieure, quant à elle, sera meublée par une scène et l’écran géant gonflable que le Festival de Cinéma de la Ville de Québec utilise déjà depuis plusieurs années à l’automne.
Au-dessus des têtes? Une canopée formée de mille vire-vents scintillants. Des objets d’un pied carré qui seront faits à partir de bande RM, un matériel qui sert aussi à la fabrication des panneaux routiers. Une installation qui brillera de jour comme de nuit.
Si la programmation des films présentés le dimanche reste encore inconnue, on sait que le concert d’ouverture du 19 juin mettra en vedette Mauves et Les Guerres d’l’Amour. Un autre groupe reste à annoncer.
Nous avons aussi appris que la mise en musique du Noël du campeur sera assurée par Alaclair Ensemble. À ne pas manquer, donc, ce 25 juillet.
Cinq firmes d’architectes ont offert leur support au collectif pour autant de micro secteurs à aménager : STGM Architectes, l’Atelier Guy, Fugères Architectes, l’Atelier Pierre Thibault et ADHOC Architectes.
Et après?
Même si les installations seront retirées dès le 16 août, Le Spot pourrait très bien renaître ailleurs l’été prochain. En tout cas, ça fait partie des plans à long terme.
Le Carré Lépine, si tout se passe comme prévu, devrait accueillir Le Réacteur créatif d’Olivier Dufour dans un futur proche. Il s’agit en fait d’un complexe d’ateliers d’artistes.
// Les artisans du Spot est actuellement en campagne de sociofinancement via La Ruche. Vous pouvez contribuer en cliquant ici.
// Mise à jour, 1er juin 2015 à 10h: le groupe We Are Wolves qui viendra compléter le triple plateau du concert d’ouverture qui aura lieu ce 19 juin.
Ci-dessous, un extrait de leur plus récent album intitulé La Mort Pop Club.
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