«Nous sommes à une époque où il est facile de s’imaginer la fin du monde.» Malgré cette entrée de jeu qui peut paraître pessimiste, Vincent de Repentigny et Jasmine Catudal, codirecteurs artistiques de l’organisme La Serre, sont profondément optimistes, et invitent le citoyen et l’artiste à se réapproprier l’idée d’utopie à travers le projet Possibles.
Avec La Serre, Jasmine Catudal et Vincent de Repentigny ont créé une oasis pour l’art vivant qui tient son quartier général au troisième étage du Monument-National, chaises de plages et néons aux fenêtres en prime. Pour cet organisme qui soutient les créateurs de demain et tente de s’éloigner des codes, la thématique du 375e anniversaire de Montréal qui souhaite créer des ponts tombait à point.
Selon Jasmine Catudal: «C’est une manière de mettre en commun les artistes et les citoyens sur des questions de fond. Même à l’international, les artistes se rassemblent principalement sur un point de vue formel. Possibles les amène à se rencontrer sur des sujets de fond.»
Lancée en janvier, l’initiative offre une carte blanche à 12 créateurs issus de 12 disciplines différentes. Chacun des 12 lieux et des 12 thèmes est dévoilé 375 heures avant l’événement. Pour mener ce projet à terme, La Serre s’est inspirée des 12 grands thèmes de l’ONU et a mené des consultations publiques sur des enjeux citoyens afin de remettre aux artistes collaborateurs une cartographie avec un thème proposé, ses enjeux et les utopies qui y sont associées. Vincent De Repentigny ne veut pas «envisager l’art comme une solution, mais plutôt telle une porte d’entrée, une fenêtre ou une façon d’imaginer le monde et ce qu’il peut devenir.»
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C’est à travers cette perspective que l’artiste visuel Guillaume Adjutor Provost a investi l’Association des travailleurs grecque en janvier, que le chorégraphe et artiste multidisciplinaire Jacques Poulin-Denis a occupé la station Place-des-arts du métro de Montréal en février et que Claudel Doucet, circassienne de formation, a créé une œuvre avec des élèves d’une classe de francisation de 5e année et des interprètes professionnels.
Au-delà de ces événements mensuels, la démarche globale permettra la création d’un manifeste. «Au Québec et ailleurs dans le monde, on espère que la méthodologie qu’on va créer sera à la fois simple et attirante pour donner envie à d’autres de se l’approprier», précise Jasmine Catudal, qui, même plusieurs mois avant d’offrir les apprentissages de cet exercice au public international, a déjà défini une clé importante dans ce nouveau dialogue entre artiste et citoyen: «La création dans un lieu non culturel où il y a une histoire et une vie sociale déjà existante permet au regardant d’aborder l’œuvre d’une autre manière. On évite à l’artiste d’avoir à changer le rapport entre l’œuvre et le spectateur; le contexte le fait par lui-même.»
Possibles offre ainsi une structure pour construire autant de ponts que souhaités; entre les gens et les artistes, entre les disciplines, les enjeux, les rêves, les optimistes et les sceptiques. C’est une initiative qui porte en elle l’utopie d’abattre les frontières à une époque où le citoyen peine parfois à y croire. On utilise ici la forme pour communiquer et non comme une finalité afin d’ouvrir des portes et de favoriser les échanges. Possibles offre d’envisager le monde différemment, tous les mois, jusqu’en décembre 2017.
«On conçoit l’utopie comme quelque chose qui n’arrivera jamais. Mais le possible peut arriver.» – Jasmine Catudal.
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Le 4e événement Possibles aura lieu le jeudi 20 avril autour du thème Santé et qualité de vie.