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Les Shafia: mauvaise intégration?

C’est Cervantès qui écrivait : « Mon honneur m’est plus cher que ma vie. » Parfois, l’honneur propre est plus cher que la vie des autres… Suite à l’aboutissement du procès des Shafia, n’est-on pas dans l’obligation, en tant que société, de se poser des questions?

 

Car ce crime d’honneur n’a pas eu lieu en Afghanistan ni en Iran. Il a eu lieu ici, au Canada, par des personnes qui y vivaient depuis 20 ans. Des Montréalais de surcroît. Quelle belle réputation ça nous fait. Ces personnes, qui vivaient parmi nous depuis 20 ans ne se sont pas, vraisemblablement, intégrés à leur société d’accueil. Je souligne cela car, il me semble, ce n’est pas dans nos valeurs collectives que de tuer ses filles parce qu’elles portent des jupes courtes. Dans certains cas, c’est même encouragé!

 

Blagues à part, je viens d’une famille d’immigrants. Du côté de mon père. Je constate que mon père, arrivé ici à 12 ans, s’est très bien intégré. Il parle français et anglais et aime le hockey. Ma grand-mère par contre, n’a pas bien adopté les valeurs de notre société et s’entête à croire que son pays d’origine est le meilleur au monde, même si ça fait 40 ans qu’elle vit ici. Je considère que son intégration ne s’est pas bien déroulée.

 

Si elle avait été un homme musulman qui croit dur comme fer que de tuer une femme pour l’honneur de la famille est louable, je ne crois pas que c’est 40 ans de vie ici qui lui aurait fait changer d’idée. Mais pourquoi? Comment se fait-il que des personnes arrivent ici et qu’après de nombreuses années, aucune adaptation n’est décelée? Et je ne mentionne pas ici que de la mentalité de ces personnes : comment se fait-il qu’après 20 ans vécus au Québec, les Shafia aient encore besoin d’interprètes?

 

Un professeur d’université que je respecte énormément a déjà dit : « une langue, c’est une culture ». Lorsque l’on adopte une langue, on adopte forcément un peu de la culture en nous. Si nos immigrés n’adoptent pas notre langue, comment peut-on leur demander de croire et respecter nos valeurs sociétales? Comment peuvent-ils comprendre nos valeurs?

 

En 2012, sur notre territoire, des crimes d’honneur sont commis. Des parents qui tuent leurs enfants parce qu’ils n’adhèrent pas à un code lointain, un code que les enfants ne peuvent connaître, étant intégrés à la société d’accueil. La société d’accueil les a laissés tombé. Nous n’en sommes pas responsables, mais nous avons failli à intégrer ces personnes.

 

Je me demande ce que l’on devrait faire pour que cette situation ne se reproduise plus dans notre pays. Comment bien intégrer un immigré qui arrive ici, avec sa foi et ses convictions? C’est une question que nous devrions nous poser en tant que société. Avez-vous des pistes de solutions?