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L’usine de Francis Bouillon

Le joueur du Canadien lors de l'ouverture de l'unité modèle de l'Usine 51

Habituellement, je n’y serais pas allé. Un athlète connu qui se lance dans l’immobilier et vend des condominiums, ce n’est pas dans mes cordes. Sauf que là, ce n’est pas qu’un athlète qui se lance dans l’immobilier. C’est également une opération sauvetage, une revitalisation et beaucoup d’espoir.

J’y suis donc allé au 5 à 7 de l’Usine 51, le projet immobilier de Francis Bouillon et de son associé et ami de longue date David Olivier. L’emplacement et le choix du bâtiment ne sont pas fortuits: pour Bouillon, les lieux sont empreints de souvenirs. « C’est vraiment sentimental pour moi ici, a confié le joueur du Canadien. Doublement, car avant que ce soit en condos ici, la bâtisse appartenait à l’organisation pour qui je jouais dans les mineures. Nos remises de médailles et de trophées étaient ici.  J’ai des souvenirs de venir chercher mon équipement de hockey ici quand j’étais jeune… »

Si le choix du lieu n’a pas été laissé au hasard, l’idée est un coup de tête. « Nous déjeunions un matin, se remémore David Olivier, et on est tombé sur le sujet. On savait que l’organisme (les Jeunes Sportifs d’Hochelaga) avait des difficultés financières et que le bâtiment pourrait être saisi. On voulait sauver l’endroit. »

Les deux hommes ont donc acheté le local et ont décidé de revitaliser l’édifice. Le projet? Créer des condominiums abordables, mais pas n’importe comment. En tout, 75 unités de condos. « On a décidé d’utiliser des matériaux de qualité, spécifie Olivier. C’était important pour nous. » Le duo a eu sa part d’embuches: décontamination obligatoire, problèmes de zonage… Deux ans et demi plus tard, le taux de vente est de près de 60% et le 2190 Préfontaine est presque prêt à accueillir ses premiers occupants.

J’y suis allé au 5 à 7 qui célébrait l’ouverture de l’unité modèle de l’Usine 51. J’ai visité l’unité, moderne et savamment décorée par des artistes locaux. D’ailleurs, pour Francis Bouillon, il ne s’agissait pas uniquement de mettre en valeur son condo. « Il a demandé à ce que ça soit décoré par des artistes locaux, a commenté Sophie Dufresne d’Usine 51. Il a insisté pour leur donner de la visibilité, redonner aux autres de la communauté. » Cette même communauté qui l’a vu grandir. Oui, c’est un garçon d’Hochelaga.

Aujourd’hui, un organisme a pu survivre grâce à ce projet. Des jeunes vont pouvoir continuer de jouer au hockey, un sport onéreux et qui voit malheureusement beaucoup de passionnés raccrocher les patins faute de pouvoir se procurer l’équipement. Ce n’est pas rien. Bouillon souligne qu’il ne croit pas qu’il serait le joueur qu’il est aujourd’hui si ça n’avait pas été de cet organisme.

Je n’ai pas discuté de hockey avec le joueur. Mes lèvres en brulaient d’envie, mais ce n’était pas le #55 que j’avais devant moi… c’était l’homme qui tient à son projet.