Les médias avaient été bien avisés de ne pas arriver en retard, car le prodige allait se produire dès 20 heures pour une performance de près de trois heures. Et bien, avec une vingtaine de minutes de retard, Stevie Wonder s’est pointé sur scène pour livrer une performance…de près de quatre heures.
J’avoue avoir versé une petite larme lorsqu’il est arrivé sur scène. Enfin, j’allais voir Stevie en spectacle, l’homme derrière une multitude de hits et celui qui a influencé bon nombre de gens depuis plusieurs décennies. Mais ça, c’est moi. Je suis facilement émue par la présence de grands musiciens. Que voulez-vous.
D’emblée, je vous avoue ne pas connaître l’entièreté de Songs in the Key of Life, album qu’il allait nous offrir dans son intégralité (même avec les quatre chansons qui ne figuraient pas originalement sur ce dernier). Il est donc évident que ce spectacle allait moins me rejoindre de par le manque de succès. Il semblerait que la foule n’avait pas trop compris le concept du spectacle. Disons que la foule était terne et réservée.
Voici un résumé de la soirée :
MES COUPS DE COEUR
Contusion: le plaisir sur scène des musiciens était contagieux.
Joy Inside My Tears: Stevie s’est donné corps et âme durant cette chanson.
If it’s Magic : accompagné par une trame de harpe originale sur bande enregistrée, Stevie a rendu un vibrant hommage à la regrettée Dorothy Ashby, qui signait les arrangements de cette chanson.
Pastime Paradise : la chanson qui a inspiré Gangsta’s Paradise de Coolio fut exécutée avec intensité.
Du groove s’il vous plaît : Sir Duke, I Wish, Isn’t She Lovely, As, Another Star, Superstition. Des chansons qui m’ont fait danser et sourire à pleines dents.
L’harpejji : vous connaissez cet instrument? Bien Stevie le maîtrise avec brio évidemment. Une belle découverte pour ma part. Ça ressemble à ceci :
LES SURPRISES ET DÉCEPTIONS
Les batailles de prouesses vocales entre choristes : durant Knocks Me Off My Feet, Stevie s’est livré à une bataille vocale avec les choristes. C’était sympathique durant 3-4 minutes, mais après 20, j’en avais ma claque. Même chose lors de la pièce Ordinary Love entre les trois choristes. Une belle démonstration de leurs compétences, mais enough is enough comme on le dit si bien dans la langue de Shakespeare.
Les chansons des autres : Monsieur Wonder a décidé, tout bonnement, de chanter Michelle des Beatles ainsi que de jouer la pièce Tequila de The Champs. Les choristes ont également servi quelques reprises dont Besame Mucho et une chanson de En Vogue. C’était sympathique mais un peu trop aléatoire et spontané, il n’y avait pas trop de cohérence entre les chansons de son répertoire et l’insertion de ces chansons. Peut-être devrait-il demander quelques conseils à la bande de The Roots qui détonne à chaque spectacle avec leurs multiples hommages aux grandes chansons du hip-hop et du R&B.
Stevie a fait son agace hier soir : Tout comme Beyoncé et son alter ego Sasha Fierce, Stevie a décidé, durant le rappel, d’utiliser le pseudonyme de DJ Tick Tick Boom pour nous dévoiler son petit côté coquin. La foule était debout, prête à danser, mais Stevie a jugé bon de ne donner que des courts extraits de Higher Ground, Uptight (Everything’s is alright) et Don’t You Worry ‘Bout a Thing. Coït musical interrompu. Finalement, nous avons eu droit à Superstition dans son intégralité et puis, merci bonsoir. Tant qu’à nous titiller ainsi et nous demander si on veut rester avec lui ou retourner à la maison, pourquoi nous laisser sur notre faim?
UNE BELLE SOIRÉE
Malgré le manque de succès radiophoniques, les longueurs et l’entracte de 30 minutes, reste néanmoins que les quelques 10 000 spectateurs ont assisté à une sapristi de belle célébration musicale du multi-instrumentiste et de son impressionnante cohorte de musiciens (un batteur, deux percussionnistes, cinq cuivres, six choristes, une section de dix cordes avec conducteur, une chorale, alouette!) où les valeurs de paix, d’amour, d’entraide ont transparu tout au long de la soirée.
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