Arcade Fire à Montréal : la fièvre du mercredi soir
Avec ses boules disco et l’archi quétaine mais ô combien plaisante A Fifth of Beethoven de Walter Murphy servie en guise d’introduction pendant l’arrivée du groupe sur scène, j’étais déjà conquise. Résumé d’un spectacle parfois inégal mais fort excitant.
Le Centre Bell avait des allures de match de boxe disco avec un ring central et un annonceur qui présentait le groupe avant de monter sur scène. Chaque musicien était présenté sur les écrans avec son poids et une caractéristique distinctive de sa persona de boxeur. Nous étions à des miles des spectacles intimistes et sans chichis au Corona (2005) ou à la Fédération Ukrainienne (2007).
Boogie Wonderland
La soirée s’est amorcée en beauté avec Everything Now ainsi que Signs of Life, toutes deux sonnaient beaucoup mieux sur scène que sur disque. On se croyait dans une version 2017 du Studio 54.
Et là, j’ai reçu tout un uppercut musical avec, comme troisième pièce, la très populaire et très appréciée Rebellion (Lies). Lorsque j’entends une pièce comme celle-ci, je questionne toujours mon objectivité lors de l’écriture d’une critique sur cette belle plateforme qu’est le Voir. Est-ce que c’était vraiment aussi bon que dans ma tête? Mets-en. Et je ne beurre pas épais, parole de scout. Je retrouvais enfin le groupe que j’aimais tant, avec cette fougue et cette énergie unique que je ne peux retrouver chez les autres artistes vus au fil du temps. Will Butler et Richard Reed Parry se sont lancés dans un fou duel de danse expérimentale. Will est ensuite parti en solo, tel un vainqueur qui venait de remporter son duel, pour courir autour de l’arène avec son tambour. Here Comes The Night Time fut l’occasion parfaite pour présenter aux fans deux sublimes danseuses qui m’ont enchantée avec leurs mouvements quasi voodoo et leur bonheur contagieux.
Une soirée chargée en émotions
Vint ensuite le moment politique de la soirée, où Win Butler a évoqué l’ouverture d’esprit, la générosité et l’accueil qu’il a reçu lors de son arrivée à Montréal il y a 17 ans. Peut-être voulait-il lancer une flèche à Donald Trump qui a récemment décidé de démanteler le programme DACA, qui accordait un statut légal aux jeunes migrants arrivés illégalement aux États-Unis avec leurs parents. Ce fut l’intro parfaite pour introduire Haïti, qui, sonne toujours aussi pertinente et percutante qu’il y a 13 ans, moment où la chanson fut lancée sur l’excellent Funeral.
Win a également livré un vibrant hommage à sa ville natale de Houston, au Texas, ville touchée par l’ouragan Harvey, avant d’interpréter une touchante version de The Surburbs. À la fin de la pièce, son frérot Will est venu lui faire un gros câlin. Que du beau.
Et que dire du vibrant hommage à David Bowie durant Reflektor, où il est apparu tel un fantôme pixélisé sur les écrans, ou bien lorsque le groupe fut noyé d’une pluie de cellulaires lors de la douce Neon Bible.
Épopée rock
La transition du groupe vers une grande salle comme le Centre Bell fonctionnait à plein régime lors des moments plus rock, plus orchestraux comme pour No Cars Go, Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) ainsi que Neighbourhood #3 (Power Out), mon moment fort de la soirée.
Quelques faiblesses
Les moments les plus faibles du spectacle fut sans contredit les quelques pièces issues de Everything Now, telles que Electric Blue et Put Your Money on Me. Pourtant, je trouve qu’Electric Blue est l’une des meilleures chansons du dernier opus et là, je trouvais que ça manquait un peu de punch. Était-ce les quelques problèmes de son qui m’empêchait de bien saisir les subtilités des offrandes musicales du groupe? Ou bien possiblement un manque de rodage?
La scénographie, une réalisation de Moment Factory, était somme toute géniale, mais je crois que l’arène de boxe est un peu contraignante pour le groupe. Et, pour moi qui étais assise dans la section 123, j’avais constamment cette tour de lumières à l’effigie de Everything Now qui obstruait ma vue de temps en temps. Cette tour m’énervait autant que les maudites publicités récurrentes sur YouTube. À bien y penser, ça faisait probablement partie du concept que de monter et descendre ces vilaines tours pour faire un clin d’oeil aux publicités envahissantes trouvées sur le Web et les médias sociaux.
À bientôt
J’ai quitté le Centre Bell avec quelques vers d’oreille en tête et le sourire fendu jusqu’aux oreilles. À bientôt, Win, Will, Régine et compagnie. Ce fut une méchante belle soirée.
Setlist
- Everything Now (Continued)
- Everything Now
- Signs of Life
- Rebellion (Lies)
- Here Comes the Night Time
- Haïti
- No Cars Go
- Electric Blue
- Put Your Money on Me
- Neon Bible
- Neighborhood #1 (Tunnels)
- The Suburbs / The Suburbs (Continued)
- Ready to Start
- Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)
- Reflektor
- Afterlife
- Infinite Content
- Creature Comfort
- Neighborhood #3 (Power Out)
Rappel
- We Don’t Deserve Love
- Everything Now (Continued)
- Wake Up
Voici les sublimes photos d’Arcade Fire prises par ma collègue Mihaela Petrescu!