Jean-Michel Blais et Ólafur Arnalds au FIJM : vivre dans le moment présent
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Jean-Michel Blais et Ólafur Arnalds au FIJM : vivre dans le moment présent

DEPUIS QUELQUES SEMAINES, l’ÉVÉNEMENT FACEBOOK DU PROGRAMME DOUBLE DE JEAN-MICHEL BLAIS ET Ólafur Arnalds ÉTAIT POLLUÉ DE GENS À LA RECHERCHE DE BILLETS POUR CE SPECTACLE TANT CONVOITÉ. IL VA S’EN DIRE QUE LE FIJM A FRAPPÉ FORT EN invitant LES DEUX MUSICIENS lors d’UNE SOIRÉE À LA MAISON SYMPHONIQUE. ET LE RÉSULTAT FUT BOULEVERSANT.

Mon dernier spectacle avec, en tête d’affiche, un pianiste, remonte à loin.  Trop loin. C’était en 2006, à la Chapelle historique du Bon-Pasteur. Christopher O’Riley était de passage au FIJM pour nous présenter ses disques-hommages à Radiohead. Ce fut donc une belle coïncidence d’entendre Jean-Michel Blais amorcer son spectacle avec la sublime Roses, pièce qui nous rappelle la tout aussi sublime Pyramid Song. « Fait que je suis à la Maison symphonique. Pour les retardataires, vous avez manqué le meilleur » blague-t-il à la fin de la première pièce. C’était son premier spectacle en carrière dans cet endroit majestueux, un véritable honneur pour celui qui, autrefois, achetais des billets étudiants dans le fond de la salle en tant que spectateur et mélomane.

Le pianiste québécois fut d’une sincérité, d’une générosité avec moi. Notez que j’ai troqué le « nous » pour « moi»  car j’avais l’impression qu’il m’offrait un spectacle dans mon salon. Il m’expliqua le concept de ses pièces, de ses réflexions sur la spiritualité, de David Attenborough (« le Charles Tisseyre britannique »), du Mellotron, cet instrument de musique polyphonique à clavier, et du fait qu’il déteste les rappels, ces moments ô combien malaisants.

Pour ce trop court spectacle d’une soixantaine de minutes, Blais puisa majoritairement dans le répertoire de Dans ma main. « Laissez-vous aller. Respirez. Vivez. » proposa le musicien en tout début de programme.  À l’ère radiophonique des trucs prémâchés et noyés d’Auto-Tune, et des YouTube, Netflix et autres plateformes qui nous poussent à surconsommer une oeuvre et à sauter les publicités, Blais permit au public de vivre dans le moment présent.

Encore les Islandais
Islandophile à fond la caisse, mon copain lirait cette critique et m’accuserait de manquer d’objectivité car « bien entendu que tu aimes ça, tout ce qui provient de l’Islande te fait perdre la tête ».  Que veux-tu, à force d’écouter les Björk, sigur rós, Emilíana Torrini, Amiina, Jóhann Jóhannsson et cie, difficile de ne pas tomber en amour. Vendredi soir, Ólafur Arnalds et ses cinq musiciens ont livré un spectacle magique, profond, touchant.

Tout comme son prédécesseur, le multi-instrumentiste fut très sympathique, généreux et blagueur, créant cette proximité entre l’artiste et ses fans. J’ai ainsi appris que la pièce 3055, tirée de son album Eulogy for Evolution, fut composée lorsqu’il habitait à Halifax. « Mes parents m’ont forcé à déménager là-bas. Il n’y avait rien à faire, mis à part que de composer des chansons. » La pièce Nyepi parle du nouvel an balinais du même nom, qui se veut une journée de silence pour donner un répit à la nature. Et que dire de Lag Fyrir Ömmu, poignante chanson composée suite au décès de sa grand-mère. Je vous avoue avoir versé quelques larmes, peut-être parce que j’avais une petite pensée pour la mienne qui nous avait quitté en septembre dernier.

Moi qui consomme si peu de concerts de musique classique, disons que j’avais quelques appréhensions. Je craignais un spectacle trop élitiste, prétentieux, froid. J’ai eu tort sur toute la ligne. Le duo réussit à démocratiser la musique classique, à la rendre attachante et réconfortante, un peu comme la doudou de Fiston (ou la voix d’Edgar Fruitier le samedi matin lorsqu’il nous parle de Vivaldi, de Bach ou Fauré). En attendant de revoir Ólafur en sol montréalais, je compte les dodos avant mon prochain rendez-vous avec Jean-Michel dans les Cantons-de-l’Est.