BloguesAngle mort

Les p’*** journaux z’artistiques

 
Tout sur les p'tits journaux z'artistiques, de Mario Fontaine

Par le plus complet des hasards, j'ai trouvé dans un guichet automatique un exemplaire de ce livre Tout sur les p'tits journaux z'artistiques – Ou comment dormir avec le coeur qui palpite.

L'auteur est Mario Fontaine, et il y explique pourquoi le Québec se passionne pour les hebdomadaires à potins merdiques, du genre La Semaine ou 7 Jours. À l'époque où Fontaine a publié son essai, en 1978, on parlait plutôt des magazines Le lundi, Échos-Vedettes et autres insignifiances du même acabit, disparus et oubliés depuis.

La réflexion de Fontaine n'a toutefois pas vieilli d'une seconde. En gros, il dit que les magazines à potins ont su se tailler la place qu'ils occupent aujourd'hui car ils exploitent des traits profondément ancrés dans notre inconscient collectif:

  1. Parce que nos ancêtres ont été isolés dans un pays d'hiver et de dangers, le potinage a été une façon de maintenir une solidarité entre canadiens-français.
  2. La famille a toujours eu une place prépondérante au sein du peuple québécois « Or, l'intimité individuelle n'a pas sa place dans une famille. L'appropriation de la vie d'autrui ne revêt pas un caractère d'indécence ».
  3. Le culte que les Québécois vouent à leurs vedettes dérive surtout de l'absence de héros historiques.

Deux extraits que j'aime bien…

« Nos « p'tits journaux z'artistiques » s'inscrivent dans le giron mondial de la presse d'évasion […] ils retardent la prise de conscience idéologique de toute une partie de la population, à laquelle ils ont cependant contribué à donner une certaine identité. »

« Les Québécois baignent dans un réseau très dense de [médias]. Cette quantité, loin d'améliorer la perception globale des événements, la noie sous un déluge de nouvelles superficielles et disparates. [Le public] perd la faculté de rationaliser ces amas de données et s'agrippe aux organes de presse les plus simplificateurs, les plus euphorisants, tels les hebdos pop, qui l'aident à se détendre, à se refaire, à retrouver la dichotomie apaisante et salvatrice d'un monde sans interrogation. »