Petite analyse de trois textes lus ce matin dans les trois grands quotidiens québécois. Dans un bel élan "d'autocongratulation" ceux-ci se félicitent des récents résultats de l'Audit Bureau of Circulation (ABC). Cet organisme mesure le tirage des quotidiens en Amérique du Nord. Ainsi…
Le Journal de Montréal :
Lyne Robitaille, éditrice, y va franchement en analysant les ventes du Journal de Montréal pour les 6 derniers mois (période se terminant le 31 mars 2006).
Le Journal de Montréal devance largement La Presse en vente d'exemplaires : pas moins de 64 172 copies de plus du lundi au vendredi, 36 640 copies de plus le samedi et 38 150 copies de plus le dimanche.
Elle ajoute plus loin:
Une avance de 342 000 lecteurs sur La Presse, qui connaissait une baisse significative de son lectorat..
La Presse :
Guy Crevier, président et éditeur, passe quant à lui rapidement sur les chiffres des six derniers mois, en disant simplement que…
Le tirage de La Presse, comparativement à la même période l'année dernière, a augmenté en moyenne de 1241 exemplaires vendus chaque jour [pendant que] celui du Journal de Montréal a diminué en moyenne de 1040 exemplaires vendus chaque jour.
Il insiste surtout sur la croissance du nombre d'exemplaires vendus à plus de 50% du prix courant de La Presse entre 2001 et 2006. C'est plus joli.
La Presse a connu une croissance spectaculaire de 38 209 exemplaires en moyenne chaque jour se semaine […], de 20 275 exemplaires le samedi […] et de 50 073 exemplaires le dimanche. […] Pour le Journal de Montréal, les exemplaires vendus à plus de 50% du prix courrant [sic], entre 2001 et 2006, on chuté de 12 852 exemplaires en moyenne chaque jour de semaine, de 36 033 exemplaires le samedi et de 22 406 exemplaires le dimanche.
Le Devoir:
Jean-Robert Sansfaçon, rédacteur en chef, ne risque pas une comparaison avec ses concurrents, mais souligne que Le Devoir a dépassé les 45 000 exemplaires en circulation le samedi.
Il faut remonter à l'époque où plusieurs journaux concurrents étaient en grève, dans les années 70, pour retrouver une telle performance, temporaire toutefois, du Devoir. […] C'est la huitième année consécutive que les ventes du Devoir le samedi sont à la hausse. En effet, depuis 1998, la diffusion du Devoir la fin de semaine est passée de 36 622 à une moyenne de 45 176 exemplaires, un bond de 23,4 %!
Morale de l'histoire : Ce qu'il y a de bien avec les chiffres, c'est qu'on peut toujours les faire parler en sa faveur…
Moi, pour avoir travailler dans un dépanneur, je peux te dire que les ventes du Journal de Montréal ne se compare pas à celles de La Presse. C’est du 4 pour 1 et même plus. Encore que cela dépend de la nouvelle et des jours. Certains jours de la semaine, La Presse ne vendait pas beaucoup. Et l’affaire Guy Cloutier a fait vendre de la copie, autant pour les quotidiens que pour les hebdos. Et les meilleures heures, c’est quand le journal vient de sortir, aux petites heures du matin, et elle diminue au fil de la journée.
Bien entendu, le samedi, les ventes sont bonnes pour La Presse, mais elles sont bonnes pour tous les journaux. Ce qui fait vendre, ce sont les suppléments comme le télé-horaire. Le cahier Week-end du Journal de Montréal est très populaire. On le lit même avant le reste du journal.
Et il y a le format. Le Journal de Montréal, c’est plus pratique, autant pour le lecteur que pour les vendeurs.
J’ai été un peu surpris par l’article de La Presse.
Bin coudonc? Qu’est-ce qu’ils ont à tous vouloir être le plus lu, ouvertement?
On sait qu’ils font plus de sous s’ils vendent plus de copies (car on peut exiger plus de revenus publicitaires), mais pourquoi s’en réjouir haut et fort?
On essaie de nous dire: « Lisez-nous car c’est nous qui est lu par tous, et dont tout le monde parle ».
Par chance, le lecteur qui n’est pas dupe peut jeter un oeil sur les autres journaux comme l’a fait Steve Proulx, afin de réaliser à quel point on peut faire de bien belles tournures de phrases pour faire dire ce qu’on souhaite dire, parfois.
Steve, bravo pour le blogue. Et surtout pour cette analyse 🙂
J’ai fait le même exercice et j’ai pris les trois articles qui parlaient de ces chiffres. Je les ai mis côte à côte et je n’y comprenais plus rien. Honnêtement on ne sait plus quoi penser. Mais bon qui lit les trois quotidiens… Une chance que je n’ai pas acheté The Gazette !