Le Conseil de presse blâme le Journal de Montréal d'avoir fait preuve de sensationnalisme dans un article paru le 20 février 2005, signé par Louis Gagné et intitulé « Un bambin survit à la manoeuvre désespérée de sa mère, route 117 ».
L'article laissait entendre que la mère s'était suicidée et qu'elle avait voulu entraîner son bébé avec elle. Le conjoint a démenti la chose et a accusé le Journal de Montréal de sensationnalisme. Le Conseil de presse lui a donné raison. Dans son verdict, il souligne :
Dans le traitement des évènements impliquant des drames humains, les médias et les journalistes doivent […] éviter tout sensationnalisme et prendre garde de ne pas accorder aux évènements un caractère démesuré, sinon amplifié, par rapport à leur degré d'intérêt public.
J'approuve. En fait, que pensez-vous de l'utilité des faits divers? Est-ce que les médias leur accordent trop d'importance? Est-ce que les accidents de la route, les suicides, les vols de dépanneurs occupent une place trop grande dans l'actualité, par rapport à d'autres évènements?
Bref, est-ce que les chiens écrasés sont d'intérêt public?
Les faits divers sont à peu près aussi utiles que les revues à potins, selon moi. Sauf dans certains cas spécifiques, où la population pourrait contribuer à faire retrouver un criminel, une personne portée disparue, etc. ou lorsque l’information peut être utile à la population, je crois qu’on devrait passer beaucoup moins de temps sur les faits divers. Oui les accidents, ça arrive, c’est triste, mais ça nous donne quoi d’être au courant de tous les drames qui surviennent au Québec? En quoi cela peut-il contribuer à notre compréhension du monde, comparativement à nous parler de politique, de tendances sociales, d’art? Si au moins c’était divertissant… mais à la base, les histoires de chiens écrasés sont ennuyeuses, et y ajouter du sensationnalisme ne change rien à l’intérêt de la chose, au bout du compte.
Le vieil adage de presse qui dit que « Les gens ont le droit de savoir » devrait être remplacé par « Les gens ont besoin de savoir ».
Comme ça, plus de Journal de Montréal, plus de CNN et plus de TQS!!
C’est tellement bon de rêver!
Il y a beaucoup trop d’informations pour le temps que nous avons à y consacrer; nous ne pouvons ni tout lire ni tout savoir ni tout connaître; il faut donc choisir; mais, selon quels critères? Nos « zones d’intérêt », évidemment, et l’importance de la nouvelle, idéalement. Dans cet esprit, il y a tant de « nouvelles importantes » qu’il ne devrait rester, logiquement, aucune place pour les faits divers. S’il y en a tant, c’est qu’il y a des personnes qui s’y intéressent; probablement les mêmes qui écoutent notre radio « mortellement plate », qui dévorent les revues artistiques que l’on trouvent dans les épiceries, qui apprécient la chronique « Showbizz » du site Internet de Planète Québec et qui ne manquent ni Star-Académie ni Loft Story. Ces personnes apprécient les faits divers et sont prêts à payer pour en avoir, alors on leur en vend. Retraitées, elles auront des sujets de discussion lorsqu’elles passeront leurs journées aux centres commerciaux à regarder passer les gens.
Contrairement à madame Daphné Jacques, je crois que les faits divers répondent à un besoin. Un besoin bien peu reluisant peut-être mais qui est celui des gens de pouvoir s’émouvoir. De plus, cela aide à garder un contact avec la réalité de notre société, à s’informer de ce qui s’y passe, autres que les grands débats des politiques.
Est-ce parce que ça aide au sentiment d’appartenance à une communauté, est-ce que ça permet de se remonter le moral en se disant « nous ne sommes pas si pire que ça », est-ce que ça aide à sensibiliser à certains faits de la vie (ne pas fumer dans le lit, ne pas prendre de drogue, ne pas prendre la voiture saoul), toujours est-il que les faits divers nous apprennent quelque chose sur la vie: ce qui arrive quand on ne suit pas les règles de la société ou lorsque l’on n’est pas prudent, par exemple.
Imaginons un monde où on n’apprend jamais que des meurtres ont eu lieu, que des incendies ont pris place, que des enfants ont été abusés. Cela ne donnerait-il pas une vision erronée de notre société, où tout serait beau et propre, sans violence, sans problèmes domestiques?
Comment est-ce que les victimes d’abus pourraient apprendre qu’elles ne sont pas seules, par exemple, si jamais ces faits divers de la vie étaient abordés?
Je n’aimerais pas lire un journal qui ne comporte QUE des faits divers mais je crois qu’ils sont utiles tout de même.
Là où le bât blesse c’est lorsque les journalistes en mettent trop. On ne parle plus alors de simples faits divers mais plutôt de sensationalisme déformant les faits, étant très souvent de mauvais goût.
À mon avis il y a longtemps que certains journaux(notamment le Journal de Montréal) se « paient la traite » avec des faits divers qui frôlent la télé-réalité. Je veux dire par là que plus c’est choquant(voire sensationnaliste) mieux s’en portent les ventes de journaux et les bulletins télévisés, ou on voit de plus en plus de choses qu’on ne nous montrait pas avant. Des corps sur la chaussée, des murs ensanglantés,et j’en passe. Notre voyeurisme collectif est autant à blâmer que les journaux et les salles de nouvelles qui font leurs choux gras de ces images et ces récits d’accidents de la route ou des drames conjugaux, qui manquent de rigueur ou qui font dans l’interprétation au besoin tel que rapporté par le Conseil de Presse. Ce voyeurisme est aussi répandu que facile à satisfaire ces jours. L’oeuf ou la poule? Les chiffres de vente/cotes d’écoute semblent confirmer que nous achetons ces papiers et regardons ces bulletins, alors bien que je sois en accord à 100% avec les commentaires très pertinents de M.Lemay, MMe Jacques et vous, M.Proulx, il semble que collectivement nous continuons de nourrir cette portion du monde journalistique. Personnellement, je ne considère pas les faits divers comme un service à la population, plutôt comme un très lucratif ancêtre de la télé-réalité. C’est gros ce que je dis là, mais pour ma part, c’est ce que sont les articles de chiens écrasés et de meurtres sanglants. Je constate que le degré d’intérêt public proprement dit(en ce qui concerne les décideurs) est mesuré par le potentiel de vente de journaux/cotes d’écoute qui en découle et il s’en trouve donc complètement dénaturé. C’est selon moi un autre dossier à mettre sur la pile « à revoir » dans le grand débat sur la liberté d’expression et le fameux « droit de savoir ».