Ma collègue Sophie a poussé la citation de la journée:
Tant que La poule aux oeufs d'or fera un million de cote d'écoute, je ne voterai pas pour la souveraineté du Québec!
La Poule a fait plus d'un million hier. Seule et unique émission millionnaire de la journée.
Vrai qu'en voyant une société se masser hebdomadairement devant la lucarne pour hurler comme des semi-débiles: "La Poule! La Poule!", ça vous coupe l'envie de partir un pays…
Jamais été aussi fier d'être Québécois…
Sans aucune publicité, gratuitement, l’Homère mis en scène par Dominic Champagne était télé-diffusé En DIRECT de la salle Maisonneuve en décembre 2003 à RC, si ma mémoire est bonne. Cotes d’écoute d’environ 170 000 personnes.
Àu poste débile de service, loft-machin, truffé de pub, imbécillité stérile, attirait à peu près la moitié de la population adulte de la province ! Plus de 2 millions !
Rendu à ce niveau de cancer social, y’a plus rien à faire, on administre de la morphine, et on attend la fin…
Si un membre de ma famille passait à l’émission, moi aussi j’irais « l’encourager » en allant dans l’audience. Et l’animateur de foule me ferait faire des « la poule! la poule! » à moi aussi, ça fait partie de la « game » d’aller assister à une émission de télé! Ça ne ferait pas de moi une imbécile incapable de faire de bons choix politiques ou ayant quelque chose à amener dans le débat. Il faut prendre la Poule pour ce que c’est : un divertissement qui fait gagner de l’argent à des gens. 🙂
Ceci dit, je ne savais pas que ça jouait encore, depuis tant d’années!
Moi en 1995 c’était les deux millions qui flashaient leurs lumières qui me faisaient peur….
Je ne pourrais pas être plus en accord. Même chosse avec Star Académie. Je me souviendrai toujours du 11 avril 2003. C’était un vendredi. J’avais passé les 9 derniers mois en Europe. Je m’étais tenu au courant des nouvelles au Québec en lisant assez régulièrement le Devoir en ligne.
À mon retour, je savais que le lundi suivant il y avait des élections provinciales. Personne n’était venu me cueillir à l’aéroport. Je prend donc l’autobus pour retourner dans mon patelin. Et puis, tout le onde parlait de voter, je pour lui et pas pour lui. je vous jure, je trippais. Des personnes qui ne s’étaient jamais intéressées à la politique me parlait de voter.
tabarnack, c’était VOTER pour Star académie. Le lundi suivant, j’ai vu des gens ne pas aller voter parce qu’il y avait Star Académie le soir.
Par la suite les Québécois et Québécoises ont chialé contre Charest, disant « On n’a jamais voté pour ça ». Maudite bande de caves. Je cré ben que avez pas voté pour ça! Vous avez voté pour Wilfrid pis Marie-hélène, Deus osti de hasbeen.
Ouin, les Québécois sont des hasbeens. Aujourd’hui, je n’ai aucune honte à avoir une blonde anglophone et à vouloir déménagé en Alberta. Aucune fierté à vouloir être québécois. On a manqué notre coup en 1995… en fait, je n’étais pas majeur.
Là je suis bien d’accord avec vous que ça fait peur la popularité de Star Académie et la poule mais avez-vous déjà regardé ce qui se faisait au Canada? Et toutes ces émissions que nous trouvons ridicules, ne sont-elles pas des copies d’émissions américaines? Et le Canada, gouverné par Harper, n’est-il pas en train de devenir de plus en plus américain? Alors si vous voulez que les émissions et les conneries arrêtent, c’est d’abord en s’affirmant comme québécois et non comme canadiens « wanna be » sans personnalité, sans culture et surtout, surtout, surtout, tellement mal informés.
Le problème avec les Québécois, on se compare pas avec les bonnes personnes. Ce n’est pas en se comparant, par exemple, aux singes que ça de nous des êtres plus intellignets.
Vous n’avez pas compris que la souveraineté va aussi régler ce problème. La masse ne perdra plus son temps en vils divertissements et écoutera Radio-Québec toute la journée en lisant Le Nouvel Observateur.
Vous rendez vous compte, chers lecteurs de M. Proulx, que certains d’entre vous êtes horriblement condescendants? Vous parlez du peuple québécois comme étant un peuple de petits, pas de culture, imbéciles, et j’en passe. Ne réalisez vous pas que vous faites partie du fameux peuple québécois et qu’il n’en tiendrait qu’à vous d’aider les choses que vous n’aimez pas à changer plutôt que de cracher sur les autres ou encore vous sauver en Alberta? Ailleurs dans le monde, la télévision réalité a autant de succès qu’ici et est encore plus niaiseuse dans bien des cas.
Moi je suis fière d’être québécoise. Je suis fière, par exemple, que dans Star Académie (oui oui), ils aient dû changer le mode de vote de public à secret parmi les participants parce que nous, on est pas un peuple qui aime voir le monde se faire du mal entre eux, contrairement aux américains fans de Survivor et autres émissions de back-stabbing.
Je suis fière de notre nature pacifique, chaleureuse, foncièrement bonne, quitte à être bonnasse. Je ne m’identifie pas à tout le monde, mais je ne snobbe pas les autres parce que leurs goûts sont différents des miens. Et même si je suis découragée de la popularité de Loft Story des fois, ça ne m’empêche pas d’aimer les gens qui l’écoutent. Paix!
Je ne suis pas du tout étonné du succès de LA POULE. Loto Québec n’arrête pas de NOUS harceler et de NOUS titiller pour développer chez NOUS le rêve de gagner de grosses sommes d’argent. Pour arriver à ses fins, Loto Québec offre, dans son marketing, toute une gamme de «produits».
En ce qui concerne le «produit poulailler», il s’adresse d’abord et avant tout à une couche de la population qui continue à incarner un Québec «tricoté serré», qui continue à valoriser les valeurs familiales et «villageoises» (il n’y a ici aucun mépris) et qui aime bien les «shows» télévisuels faciles et basés sur un certain suspense. Pour ceux et celles qui aiment cela, regarder cette émission ou, mieux encore, y participer, cela peut être un moment de grand plaisir. Ne partageant pas le regard altier et dédaigneux du frère à Lucien (Gérard Bouchard), ne partageant donc pas le regard des BOUCHARD BROTHERS, je ne m’indigne pas de cet envoûtement pour LA POULE.
Il serait facile et simplificateur de penser que ceux qui aiment ce genre de show spectaculaire et pécuniaire sont des imbéciles ou des aliénés (dans le sens culturel et sociologique). Il y a sûrement de nombreuses personnes qui consomment la poule tout en s’intéressant parfois à des émissions plus «relevées». Je ne suis pas en train de dire ou de prétendre que LA POULE est une émission épatante et culturellement libératrice. Mais je suis en train de dire que le mépris n’est pas l’attitude idoine et appropriée pour bien comprendre le phénomène de l’écoute télévisuelle.
Cela étant dit, je reconnais que, dans une partie de la population, il y a une authentique misère culturelle et intellectuelle. Mais, pour comprendre et expliquer cela, il faut éviter le simplisme.
En somme, il est possible de tenter de comprendre sans sombrer dans LE MÉPRIS.
Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias